LREM: les défections se multiplient depuis 2017
Deux claquements de porte en moins de 24 heures: les députées Marion Lenne et Pascale Fontenel-Personne ont quitté La République en marche en reprochant notamment au parti présidentiel « son fonctionnement », voire « une opacité », et allongeant une liste de défections déjà fournie depuis 2017.
Si les deux parlementaires continuent à siéger – pour l’instant – dans les rangs de la majorité à l’Assemblée, leur décision quasi-simultanée illustre une crise prise au sérieux au sein du jeune mouvement macroniste qui essuie des critiques autant sur la forme que sur le fond.
Depuis 2017, le groupe parlementaire LREM à l’Assemblée est passé de 313 à 303 membres et apparentés (314 et 304 en comptant le président de l’Assemblée Richard Ferrand), à seulement une quinzaine de sièges de la majorité absolue. « Ce qui arrivera forcément avant la fin de la législature », pronostique un fidèle du président Emmanuel Macron.
Après le départ de l’ex-PS Jean-Michel Clément en avril 2018 en raison de son opposition à la loi asile et immigration, des défections ont régulièrement ébranlé le groupe majoritaire: Frédérique Dumas, Joachim Son-Forget et surtout Matthieu Orphelin, un très proche de Nicolas Hulot qui entendait incarner la branche écolo du mouvement présidentiel mais qui a finalement jugé les avancées « insuffisantes » en la matière.
« Dans cette cuvée de parlementaires, il y a davantage d’auto-entrepreneurs politiques que de gens qui ont l’esprit collectif », regrette un historique de la macronie selon qui « les présidents de groupe ne contrôlent plus leurs groupes, ils les gèrent », une pique visant directement le patron du groupe LREM, Gilles Le Gendre.
Celui-ci a d’ailleurs, selon Le Monde, récemment adressé une note à Emmanuel Macron pour « l’avertir » sur l’état d’esprit du groupe majoritaire.
« On a fait la campagne d’Emmanuel Macron puis découvert la distance entre un président de la République et le groupe majoritaire, il y a forcément un caractère « déceptif » », a reconnu une marcheuse auprès de l’AFP.
Il y a quinze jours, c’est la députée Jennifer de Temmerman qui disait avoir perdu « espoir » après le vote de mesures sur l’immigration.
A propos des divergences politiques et des déçus de la promesse du « et en même temps », un fidèle d’Emmanuel Macron y voit une erreur d’appréciation stratégique originelle: « On a décidé d’avoir une majorité absolue, ce qui a été le début des emmerdes. Parce que, peut-être, ça empêche le débat des sensibilités ».
Outre la doctrine et sa mise en œuvre, c’est également la forme du mouvement, au-delà des seuls bancs de l’Assemblée, qui est visée.
Machine de guerre au service du candidat Emmanuel Macron pour la présidentielle de 2017, la modeste start-up En Marche ! avait dû se transformer en urgence en vaisseau industriel au lendemain des législatives, après être devenu le premier parti de France.
Mais l’épreuve du pouvoir et, surtout, la préparation des municipales, ont provoqué nombre des tensions. Car le mouvement, qui a toujours revendiqué une certaine verticalité censée empêcher la création de baronnies et l’émergence de futurs frondeurs, s’en est notamment remis à une commission nationale d’investiture pour désigner ses candidats pour l’échéance de mars 2020, en favorisant moult alliances avec des candidats sortants, LR ou PS.
« Alors que, bien souvent, en 2017, les militants En marche ! s’étaient structurés dans les communes en opposition au pouvoir municipal en place », souligne un cacique.
Source: Yahoo actualités