21 novembre 2024

E. Fritch aux confessions religieuses: Aidez-moi « à faire retrouver aux Polynésiens une humanité faite de dignité, d’efforts et de sacrifices »

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Voici les quelques mots prononcés par le président Edouard Fritch à l’occasion d’une prière oecuménique rassemblant les principales autorités religieuses du Pays, samedi à la Présidence.

Chers amis, Chers frères et sœurs en Christ,

C’est avec une profonde joie que j’ai l’honneur et le privilège de vous rassembler tous ici en ce dernier samedi du premier mois de l’année 2019.

Aussi, il m’est encore temps d’adresser à chacune et à chacun d’entre vous, mes vœux de bonheur, de paix et de bonne santé. Que notre pays continue à vivre dans la solidarité, le respect et la tolérance. En d’autres termes, que notre pays continue à vivre selon les valeurs chrétiennes.

Bonne année à toutes et à tous.

Durant ces quatre dernières années, j’avais opté pour des rencontres particulières de prière avec chacune des confessions ici présentes.

Durant ces quatre années, j’ai fait de la famille, un thème majeur de préoccupation. Pour les années à venir, je continuerai à le faire car, la conversion des familles est une œuvre de longue haleine.

Cette année, je me suis permis d’innover et de vous demander de bien vouloir nous rassembler dans l’unité et dans l’œcuménisme. A cet égard, je vous remercie d’avoir bien voulu accepter cette formule, pour la célébration de cette année.

Dans sa définition étymologique, l’œcuménisme, c’est « l’ensemble de la terre habitée ». Aujourd’hui, c’est « l’ensemble des efforts visant à l’unité visible des Églises qu’a voulue le Christ ».

Ces deux définitions, originelles et contemporaines, marquent une volonté de rencontre des hommes et des femmes appartenant à une même terre et à un même Dieu. Ce que je veux retenir de l’œcuménisme, c’est la quête de la fraternité, de la communion et de l’unité. Dans Psaumes 133:1, il est dit : « Qu’il est agréable, qu’il est doux pour des frères de demeurer ensemble ! ».

Tant que nous avons de la chance de rendre cet œcuménisme visible sur cette terre habitée qu’est la Polynésie, j’y contribuerai volontiers, même en tant qu’homme politique. Même si je respecte la République et ses institutions, je considère qu’une politique n’est bonne que si elle respecte les valeurs enseignées par le christianisme. Humilité, partage, respect, amour, justice, paix.

Mes amis, mon gouvernement avec sa majorité travaillent avec acharnement pour que notre pays se porte mieux sur le plan socio-économique.

Les choses vont mieux. La situation de notre pays s’améliore incontestablement. Je remercie les ministres et la majorité qui nous soutiennent pour faire prospérer notre pays.

Cependant, je ne serai apaisé et satisfait que lorsque nos familles iront beaucoup mieux. Je suis encore trop attristé par certains drames familiaux révélés presque quotidiennement par l’actualité. L’amour et la paix sont absents dans beaucoup de nos familles.

La semaine dernière, j’ai assisté à la rentrée solennelle du tribunal de Papeete. A cette occasion, les autorités judiciaires ont dressé un bilan de l’année écoulée. J’ai été effrayé et tétanisé par certains chiffres évoqués. Toutes les statistiques étaient annoncées en hausse sur les homicides involontaires, les conduites sous l’empire d’un état alcoolique, le trafic de stupéfiants, les violences sur majeurs et mineurs, les violences sur conjoint ou concubin, les vols simples, etc.

Toutefois, le haut-commissariat a, par la suite, relativisé les choses, en nous expliquant que les hausses énoncées par le tribunal ne reflètent pas les affaires recensées sur l’année.

Globalement, les statistiques du Haut commissariat qui font foi, nous montrent qu’il y a des légères baisses dans les délits recensés. Toutefois, à l’intérieur de ces statistiques globales, il y a encore des poches d’inquiétude comme les violences physiques crapuleuses en augmentation de 10 %, avec 122 affaires, les violences sexuelles en augmentation de 24 %, avec 294 affaires et les tués sur la route en augmentation de 50 %, avec 36 vies humaines.

Mes chers amis, même s’il n’y a pas d’aggravation du nombre global des délits constatés en 2018, il n’en reste pas moins que je suis quand même attristé par les drames liés à l’alcool et par les violences familiales.

Face à ces réalités, je m’interroge en premier lieu sur les faiblesses de notre politique, celle menée par les gouvernements de notre pays depuis des décennies, et sur les faiblesses des actions de nos services sur le terrain.

Devant certaines situations préoccupantes, j’ai l’humilité de vous demander de nous aider.

J’ai commencé à vous solliciter en vous rassemblant, tout d’abord en 2016 pour des recommandations sur une bonne politique pour nos familles, puis le 21 décembre dernier, pour une concertation sur le sujet de la vente et des débits de boissons alcoolisées.

Face à la gravité des accidents mortels de la route et des violences familiales provoquées par l’alcool, le gouvernement se devait de réfléchir et mettre en action des mesures pour enrayer, ou à tout le moins, limiter ces drames insupportables provoqués par les excès alcooliques.

Au-delà de l’alcool, ce sont toutes les formes d’addiction les plus nuisibles pour nos familles et notre santé, que nous devons lutter et nous mobiliser. Il y a le paka et l’ice qui prennent des modes quasi mafieux puisque cette semaine, la police a démantelé un laboratoire de fabrication d’ice.

Il y a également une autre forme d’addiction, plus insidieuse, plus douce, mais tout aussi préoccupante pour notre santé, c’est l’obésité et le diabète. Le taux d’obésité atteint un seuil alarmant dans notre pays. Cela devient un problème de santé publique qui doit être traité.

L’alcool et la drogue abîment et font souffrir nos familles. Le sucre abîme notre corps et notre santé.

Alcool, drogue ou diabète, ce sont des drames qui deviennent des charges pour les familles concernées.

Par ailleurs, j’entends parfois des personnes me dire que ces situations de déviance sociale sont dues au chômage. Souvent, on me dit que telle personne s’écarte du bon chemin, à cause du chômage. Sincèrement, le chômage n’excuse pas tout et ne mène pas nécessairement à l’autodestruction personnelle et familiale.

L’autodestruction, c’est nier notre humanité. C’est nier notre instinct millénaire pour la survie. C’est nier l’histoire des hommes et des femmes sur cette terre, faite d’efforts et de sacrifices.

C’est pourquoi, je voudrais que vous m’aidiez à faire retrouver aux Polynésiens une humanité faite de dignité, d’efforts et de sacrifices. C’est l’objectif que je voudrais que nous atteignons tous. Pour y parvenir, chacun aura sa méthode, sa démarche et le temps nécessaire de la conversion.

Ce soir, je souhaite placer cette rencontre sur des préoccupations humaines. L’homme, la femme, les enfants, au centre de nos prières et de nos combats pour un avenir d’espoir, de dignité et de paix pour chaque polynésien.

Je sais que nos prières seront entendues par celui qui nous a toujours aimé, qui nous aime et qui est à nos côtés chaque jour.

Dans les moments, dans les voies difficiles de ma vie, j’aimerais tant que se réalise ce qui est dit dans Proverbes 3:5-6, il est dit : « Confie-toi de tout ton coeur à l’Éternel, et ne t’appuie pas sur ton intelligence ; dans toutes tes voies connais-le, et il dirigera tes sentiers ». Car je sais que « la foi est l’assurance des choses qu’on espère, et la conviction de celles qu’on ne voit pas ». Hébreux 11:1. Mais j’ai surtout confiance en la grâce divine que Saint Jean appelle de tous ses vœux en disant, « Si vous gardez mes commandements, vous demeurerez dans mon amour… Je vous ai dit ces choses afin que ma joie soit en vous, et que votre joie soit accomplie ».

Que la joie du Seigneur soit en vous et rayonne dans nos familles.

Amen.

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