Tourisme en crise: qui contrôle (les frontières) doit payer!
L’annonce ce matin du Premier ministre, Jean Castex, relative à la fermeture des frontières hexagonales à partir de dimanche, a jeté un grand froid dans la mare économique polynésienne. Et les langues n’ont pas tardé à se délier…
Si cette énième mesure sanitaire destinée à freiner la propagation du coronavirus à l’échelle nationale est une nouvelle catastrophe en perspective pour le secteur touristique en général, il en est une quand même qui est plus impactée que les autres, eu égard à son poids financier, c’est Air Tahiti Nui.
Aussi, rien d’étonnant à ce que le PDG de la compagnie au tiare, Michel Monvoisin, soit l’invité en plateau de Polynésie la 1ère pour nous faire part, à chaud, de ses premiers commentaires mais également de ses plus vives inquiétudes quant à l’avenir qui s’assombrit inexorablement; réaction à chaud puisqu’en effet les acteurs touristiques sont conviés, lundi matin au haut-commissariat de la République, pour prendre toute la mesure du reconfinement, nouvelle version, en vigueur dans l’hexagone.
Pour l’heure, ATN n’a pas modifié son programme de vols et en fonction de la gravité de la situation, elle prendra les mesures qui s’imposent. Une chose est sûre: le tarissement du trafic en provenance de Paris, et par voie de conséquence de nouvelles contraintes imposées aux visiteurs nord-américains, pourraient bien contraindre le transporteur aérien à clouer sa flotte au sol avec toutes les conséquences financières que cela entraîne.
Selon la dernière estimation faite, la compagnie accuserait un « trou » de 8 milliards de Fcfp rien pour l’exercice 2020. 2021 s’annonçait sous de meilleurs auspices jusqu’à ces derniers jours…
Si le patron d’Air Tahiti Nui comprend parfaitement les raisons de ce tour de vis, alors même que la situation sanitaire s’améliore nettement dans nos îles, lui et beaucoup d’acteurs économiques tiennent le même langage quant à ce que devrait être, selon eux, la solidarité nationale.
Dans les années 90, un Premier ministre de la France avait lancé à l’adresse des élus polynésiens le célèbre « Qui paie contrôle! » Trente ans plus tard, la Polynésie française serait bien inspirée de reprendre la phrase à son compte, mais en inversant les rôles, à savoir: qui contrôle (les frontières notamment), doit payer ! Ou en tous, ouvrir davantage le carnet de chèques compte tenu des dégâts causés à long terme.
Tout ceci pour dire que de plus en plus de voix s’élèvent pour réclamer au gouvernement central une plus juste solidarité nationale, plus d’équité par rapport aux autres collectivités d’outre-mer et l’application stricto sensu du « quoiqu’il en coûte » prôné au début de la crise par le président Macron.