Un PIB 2020 estimé à -10%, soit une perte de 75 milliards Fcfp
Selon une première estimation, le produit intérieur brut (PIB) polynésien en volume s’est contracté fortement à hauteur de 10 % l’an dernier, annonce l’Institut de la statistique (ISPf).
Cette contraction intervient, après sept années de croissance continue dont 2,7 % en 2019. Cela représente une perte de valeur ajoutée de 75 milliards de F.CFP, soit l’équivalent des acquis de croissance depuis 2015. Cette crise est plus forte et plus soudaine que celle de 2008.
La baisse des exportations de biens et de services (- 55 %) contribuerait pour 11 points à la baisse du PIB. Cela provient d’une part, de la baisse des dépenses touristiques (70 % des effectifs touristiques en moins) et d’autre part du recul des exportations de perles et de poissons d’une même ampleur. À l’inverse, la fermeture des frontières a contraint les importations de services touristiques et ralenti l’économie avec une réduction des importations de biens (- 6 % hors importation d’avions). Au global, ces importations seraient en recul de 10 % sur un an, atténuant la contraction du PIB (+ 4 points de contribution).
La consommation (des ménages et des administrations) se contracte et contribue pour 2 points à la baisse annuelle du PIB. Si la consommation publique devait être relativement stable en 2020, la consommation des ménages est pénalisée par la baisse de ses revenus. Ainsi, les revenus liés au salariat sont en baisse (- 5 % de masse salariale) tout comme ceux liés aux résultats de l’entreprise (baisse de 10 à 15 % de l’excédent brut d’exploitation des entreprises individuelles). Cela représenterait une contraction de 5 à 7 % du revenu disponible des ménages. Même si les ménages ont épargné pendant les mois de mars, d’avril et de mai (autour de 12 milliards de Francs) et qu’un rebond du chiffre d’affaires du commerce a été observé sur la fin du premier semestre, l’aggravation de l’épidémie et les contraintes sanitaires l’accompagnant, conjuguées aux incertitudes sur l’avenir de l’économie et l’évolution des revenus, n’ont pas permis de consolider cette reprise sur l’ensemble du deuxième semestre. Ainsi le chiffre d’affaires des entreprises de commerces se contracterait d’au moins 4 % en 2020 par rapport à 2019 et l’épargne forcée des ménages continuerait de s’accroître autour des 20 milliards en fin d’année.
En conclusion, l’ISPf estime que l’’incertitude reste particulièrement forte pour 2021 concernant l’évolution de l’épidémie et son impact sur les finances, le marché du travail et les comptes sociaux. Malgré le lancement début 2021 des différentes campagnes de vaccination, au niveau local et international, un retour à la « normalité » dans les transports et le secteur du tourisme paraît difficile à envisager cette année. La poursuite des aides publiques aux ménages et aux entreprises les plus en difficulté sera conditionnée par une reprise vigoureuse et le soutien financier de l’État.
Source: ISPf