Une « tigresse » dans le jardin de la Macronie
La probable et inattendue victoire de « la Tigresse » contre Eric Ciotti, si elle a lieu samedi, pourrait bouleverser les plans d’Emmanuel Macron.
Emmanuel Macron peut avoir des regrets. De gros regrets. Si le Président avait écouté certains de ses conseillers, s’il avait fait preuve de moins d’orgueil, il ne se retrouverait pas avec devant lui un nouvel obstacle potentiel à sa réélection. Un temps en effet, la patronne de la région Ile-de-France fut macron-compatible. Elle est parvenue à le faire oublier aux congressistes LR, ce qui souligne déjà une indéniable qualité de persuasion. Mais il aurait suffit que le chef de l’Etat fasse ce qu’il fallait faire: ne pas présenter de candidat contre elle aux régionales puis la nommer à Matignon. Elle aurait suivi. A l’inverse, l’Elysée s’en est fait une ennemie et demain une redoutable rivale. « Un danger réel », reconnaissent les macronistes.
Pourquoi avoir négligé cette « prise », ce « trophée »? Emmanuel Macron, en réalité, ne voulait pas de vrai Premier ministre et il a préféré dépêcher contre elle en campagne régionale un adversaire mordant, Laurent Saint-Martin, rapporteur du Budget à l’Assemblée nationale. Le chef de l’Etat négligeait ainsi sa propre promesse de féminisation de la fonction qui lui garantissait un brevet de modernité désormais envolé. A l’inverse, sa rebuffade, bien que non publique faisait d’elle une ennemie. On n’humilie pas un adversaire, car ainsi renforce-t-on sa résolution et ses forces. Et « la Tigresse », ainsi quelques-uns l’ont surnommée, ne s’est pas privée de sortir des griffes qui seront encore plus affutées si elle est élue candidate des Républicains samedi face à , ce qui est le plus vraisemblable, car les battus, Michel Barnier, Xavier Bertrand, et Philippe Juvin ont tous appelé à voter pour elle.