En dix-huit mois, Air Tahiti Nui a perdu près de 30 milliards de recettes
En sa qualité d’actionnaire majoritaire, le Pays vient d’acter l’octroi d’une subvention d’équilibre de 8,1 milliards Fcfp pour 2020 au profit de la compagnie au Tiare pour la poursuite de ces objectifs.
En contrepartie, la compagnie s’engage à déployer un certain nombre d’actions et à rendre compte, via un comité de pilotage ad hoc, de l’avancée et des résultats enregistrés. « Nous attendons des résultats car derrière ces sommes, ce sont le redressement de notre économie et les emplois qui en dépendent. Nous ferons des points de suivi et un plan de redressement sur 2021-2025 » a précisé le président.
Ce plan d’action stratégique s’articule autour de 5 axes majeurs : poursuivre les mesures sociales prises dès le début de la crise – La réduction de la masse salariale de -5% actée en 2020 sera poursuivie jusqu’au 31 décembre 2023, améliorer le chiffre d’affaires de la compagnie par la progression des ventes de services ancillaires (accès salon, choix du siège, repas spéciaux, etc.), optimiser les coûts de distribution par l’amélioration des ventes en ligne, réduire l’inflation des coûts catering (coûts plateaux repas) par passager et accroitre la productivité des employés au sol et des personnels navigants.
Pour rappel, la crise sanitaire a occasionné une forte contraction du nombre de sièges internationaux offerts passant de 450 800 sièges en 2019 à 197 100 sièges en 2020, soit une réduction de –56,3%. Parmi les compagnies aériennes desservant la Polynésie française, ATN occupe la première place en termes de trafic touristique en transportant près de 50% des touristes internationaux. Sur l’exercice 2020, ATN a vu son trafic passager diminuer de -62% fortement troublé par les « stop and go » successifs ayant démarré avec la fermeture des frontières en mars 2020 et le confinement du marché français en novembre 2020.
En dix-huit mois, ce sont 30 milliards de recettes perdues pour la compagnie, soit l’équivalent d’une année d’activité. Des mesures pour limiter l’impact de cette crise sur la trésorerie ont été prises dès mars 2020 et reconduites sur le premier semestre 2021 : la suspension ou annulation de toutes dépenses, projets et investissements non indispensables à la sécurité et à la sûreté et la reconduction du protocole de réduction d’activité soit une baisse de la masse salariale de près -42%.
Conscients du caractère stratégique de la société, le Pays et l’Etat ont, dès les premiers signes de difficultés, mobilisé des dispositifs d’aides exceptionnels au bénéfice de la compagnie : DIESE (plus de 260 millions Fcfp depuis mars 2020), Fonds de solidarité (144 millions Fcfp cumulés au 30 juin 2021, PGE, aide exceptionnelle pour la prise en charge des coûts fixes (près de 1,2 milliards Fcfp encaissés par la compagnie sur juin et juillet 2021) et une Avance en compte courant octroyée par le Pays en novembre 2020 pour un montant de 2,1 milliards de Fcfp (remboursé en 2021)
Bien qu’importantes, ces mesures conjuguées à celles menées en interne, ne suffisent plus à la société pour passer durablement le cap de cette crise, encore une fois subite, persistante et sans précédent. Ainsi, Air Tahiti Nui affiche un résultat négatif de -8,1 milliards Fcfp au 31 décembre 2020 et envisage une perte nette de -7,4 milliards Fcfp au 31 décembre 2021.
Dans ce contexte extrêmement tendu, la trésorerie de la compagnie est aussi soumise à de fortes turbulences. Malgré une reprise timide de l’activité sur 2021, la compagnie doit faire face à ses échéances notamment le paiement des échéances d’emprunts et des loyers dans le cadre du renouvellement de sa flotte ainsi qu’à l’afflux de demandes de remboursement dans le cadre des vols annulés durant les deux premiers confinements de mars 2020 et février 2021.
La compagnie a ainsi sollicité le soutien exceptionnel du Pays, par le biais de l’attribution de cette subvention d’équilibre. A l’appui de sa demande, la société propose un plan de redressement de cinq ans basé sur les perspectives de l’organisme européen Eurocontrol et un audit interne réalisé par un cabinet d’expert.
Source: Gouvernement