Projet PROTEGE ou comment bâtir une économie plus résiliente et durable
Le 4ème Comité de pilotage (COPIL) du projet régional océanien des territoires pour la gestion durable des écosystèmes (PROTEGE) s’est tenu du lundi 23 au mercredi 25 mai à l’hôtel le Tahiti et à Raiatea en Polynésie française.
Cette réunion a rassemblé les membres du comité de pilotage du projet PROTEGE : les représentants du Gouvernement de Polynésie française, les représentants du Gouvernement de la Nouvelle-Calédonie, les représentants des îles de Wallis-et-Futuna, le représentant de l’Union européenne, les représentants des organisations régionales (Programme régional océanien pour l’environnement et la Communauté du Pacifique), ainsi que l’équipe projet.
Le comité a permis de valider la révision du plan de mise en œuvre d’ici à septembre 2023, de dresser un bilan de l’avancement des actions conduites, mais aussi de fixer les ambitions des années à venir, sur les quatre grandes thématiques ouvertes par PROTEGE : l’agriculture et la foresterie, la pêche et l’aquaculture, l’eau, et les espèces envahissantes.
Pour rappel, PROTEGE vise à construire un développement durable et résilient des économies des Pays et Territoires d’Outre-mer (PTOM) du Pacifique, face au changement climatique, et basé sur la biodiversité et les ressources naturelles renouvelables. Dans le cadre de l’enveloppe du 11ᵉ Fonds Européen de Développement régional, PROTEGE est financé à hauteur de 36 millions d’euros, soit 4,3 milliards Fcfp, au bénéfice de la Nouvelle-Calédonie, de la Polynésie française, de Wallis-et-Futuna et de Pitcairn.
Afin d’illustrer au mieux la déclinaison concrète de quelques actions du projet, et de mettre en valeur les chefs de file et les acteurs de terrain, les membres du comité de pilotage se sont rendus sur l’île de Raiatea, mercredi dernier, pour une journée de visites. Au-delà de la beauté de cette île, le site présente l’intérêt de concentrer quelques actions conduites dans le cadre de PROTEGE, sur les différents thèmes couverts par le projet.
Dans un premier temps, la délégation, composée d’une cinquantaine de personnes, a visité la ferme de Mathieu Boucher. Son exploitation fait partie d’un réseau régional de fermes de démonstration en agroécologie, dont l’objectif est d’améliorer les connaissances techniques en matière d’agriculture biologique, pour créer un modèle de ferme exploitable individuellement. Sur place, l’agriculteur a exposé son « faa’apu bio », son poulailler amovible et sa serre mobile : autant de techniques à suivre pour optimiser la rentabilité de l’agriculture biologique, sur de petites surfaces, et avec peu de moyens.
La délégation s’est ensuite rendue à la plate-forme de compostage de la commune de Taputapuatea. Menée par le maire et président de la chambre de l’Agriculture (CAPL), Thomas Moutame, la visite a permis de présenter le projet de transition agroécologique de la commune, basée sur la production de compost et d’engrais de poissons.
En effet, à l’aide du financement du programme PROTEGE, la commune va se doter d’un nouveau broyeur afin d’augmenter sa capacité de production de compost, à partir du broyage des déchets verts de l’ensemble des communes de Raiatea. La finalité du projet est de pouvoir fournir en compost, les écoles, les agriculteurs et agricultrices, et prochainement, les familles, pour tendre vers une autonomie alimentaire de la population.
En complément, la commune mène de nombreuses actions auprès des scolaires, afin de les sensibiliser et motiver le changement de comportement des familles. Dans cette optique, un concours intitulé « du potager à l’assiette » a été organisé et les 3 classes lauréates ont fièrement présenté leurs productions à la délégation.
Une présentation, réalisée par la directrice du Bureau de Santé Environnementale (BSE) et le coordinateur régional de la thématique « Eau » de PROTEGE, a permis d’exposer l’action relative à l’élaboration des Plans de Sécurité Sanitaire des Eaux (PSSE), en soutien à six communes de Polynésie française, dont celle de Tumara’a. L’objectif de cet outil est de réduire les risques qui menacent la salubrité de l’eau distribuée dans nos communes.
Le directeur adjoint de la Direction de la Culture et du Patrimoine (DCP), accompagné de sa représentante à Raiatea, et l’animateur PROTEGE basé à Raiatea, ont poursuivi par une présentation des actions relatives à la lutte contre les espèces envahissantes dans le périmètre du « Paysage Culturel Taputapuatea« . Classé patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 2017, le site s’étend sur plus de 2500 hectares terrestres et 2600 hectares marins. Une équipe de sensibilisation a été déployée sur place, afin d’informer la population sur les espèces envahissantes végétales présentes, et sur les plantes patrimoniales à protéger.
Une visite culturelle du marae de Taputapuatea inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO a suivi. Indissociable de l’univers agricole, environnemental et culturel, le marae de Taputapuatea est le passage obligé de l’île sacrée. Une partie de la délégation a effectué une randonnée sur le sentier qui surplombe le marae, pour découvrir les espèces exotiques envahissantes (EEE). Sur place, quelques espèces patrimoniales produites dans la pépinière PROTEGE ont été plantées.
La série de visites s’est achevée dans le district de Puohine, par la découverte de leur zone de pêche règlementée (ZPR). Cette zone, de près de 1500 m², constitue également une aire marine éducative pour les élèves du district. Le comité de gestion de la ZPR a tenu à remercier chaleureusement PROTEGE. La directrice de l’école de Puohine, son équipe encadrante et quelques élèves, ont souhaité réserver une petite surprise avant le départ. Une visite de leur « musée » a précédé la projection d’un court-métrage que l’école a réalisé. La ZPR de Puohine a d’ailleurs été primée lors du concours organisé dans le cadre du Blue Climate Summit.
source: COPIL