Facture pétrolière: et si les gros consommateurs passaient à la caisse…
Le soutien massif, en monnaie sonnante et trébuchante, apporté par la collectivité polynésienne pour amortir l’envolée persistante des cours mondiaux du pétrole, continue de faire débat au sein de la classe politique locale.
Ce sujet a été longuement évoqué jeudi dans l’hémicycle au moment de l’examen du quatrième collectif budgétaire du Pays qui – rappelons-le – consacre 3 milliards de francs CFP supplémentaires à l’abondement nécessaire du Fonds de régulation des produits pétroliers (FRPH). Soucieux, en effet, de ne pas peser davantage sur le pouvoir d’achat des Polynésiens, le gouvernement a donc été contraint de « remettre au pot »; ce qui en l’état actuel des choses devrait permettre de tenir le choc jusqu’à la fin de l’année.
La décision de recourir aux deniers publics de la collectivité n’a pas recueilli l’assentiment de l’opposition à l’assemblée qui réclame à quelques voix près, la suppression pure et simple du dispositif de régulation. Sans proposer de solution alternative en retour. Car, sans cet amortisseur, le prix des carburants à la pompe payés par les automobilistes mais également celui de la baguette de pain ou du poisson livré par les boulangers et pêcheurs qui bénéficient aussi d’une tarification avantageuse, ne serait plus le même!
Une chose est sûre: la facture pétrolière du Pays a doublé en l’espace d’un an. Selon les chiffres de l’Institut de la statistique (ISPF), à fin août 2022, la Polynésie française a importé pour près de 23 milliards Fcfp de produits pétroliers contre 12,4 milliards en 2021 à même époque. Et c’est donc en fonction du volume de produits pétroliers utilisé que le FRPH est plus ou moins sollicité.
Aussi, dans ce contexte inflationniste généralisé, il serait peut-être temps de s’interroger sur nos comportements individuels. Car le temps de l’abondante consommation et des excès en tous genres est révolu !
A l’heure de la sobriété énergétique, des mesures inédites pourraient très bien être imaginées…A l’instar de celle qui a prévalu, par exemple, à la mise en service du Swac à l’hôpital du Taaone avec, à la clé, plusieurs centaines de millions d’économie pour l’établissement de santé.
Mais allons plus loin dans la réflexion…De la même manière que le montant de la facture EDT varie selon nos besoins en électricité et le type de consommateurs (petits, gros, entreprises), pourquoi n’en serait-il pas de même pour les usagers de la route ? Est-il normal, en effet, que le conducteur d’une grosse cylindrée (type Porsch Cayenne mais pas seulement…) paie le litre d’essence (181 Fcfp) au même prix que celui d’un utilisateur de deux-roues ? Assurément non ! Il suffirait donc de moduler la tarification des carburants en fonction de la puissance de chaque véhicule, celle-ci étant clairement identifiable par le pompiste au moyen d’une vignette apposée sur chaque engin. Cette distinction pourrait également s’appliquer aux navires, de pêche ou de transport de passagers, tant la tentation est grande de naviguer de plus en plus vite, quitte à engloutir d’importantes quantités de carburant détaxé.
A méditer!
Photo de Une: TNTV