21 novembre 2024

Exploitation des fonds marins: le Tavini en ordre dispersé

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Peut-on parler de conflit de générations sur ce dossier au sein du mouvement indépendantiste polynésien ? Ca y ressemble en tous cas…

Les fameuses nodules polymétalliques et autres « terres rares » qui tapisseraient le fonds de nos océans sont au coeur des ambitions politiques depuis quelque temps. Elles sont perçues comme la promesse d’une fabuleuse source d’indépendance économique…comme s’il suffisait de se baisser pour devenir subitement très riche! Que de fantasmes hélas très éloignés des réalités quotidiennes du nuna’a, surtout en cette période troublée.

Nous n’avons pas, ou à peine!, la plus petite idée des tonnages potentiellement exploitables, et surtout de la manière d’aller les chercher à plusieurs milliers de mètres de profondeur que déjà, certains se croient arrivés dans la caverne d’Alibaba. Au bas mot, cette richesse serait estimée à « 75 000 milliards de dollars US » selon le président du Tavini Oscar Temaru qui, a minima, ne serait-ce que pour rêver davantage, aurait pu faire la conversion en franc pacifique.

En attendant, à l’échelle locale et nationale, deux camps s’affrontent « pour » ou « contre » l’exploitation de cette richesse pour les générations futures.

Le premier à afficher la couleur, le président de la République, Emmanuel Macron, qui s’est découvert en début de deuxième mandat une fibre écologique en demandant « un coup d’arrêt » dans les projets d’exploitation. Le 8 décembre dernier, à l’assemblée de la Polynésie, un moratoire sur l’exploitation des grands fonds marins a également été adopté. Au tour à présent des députés de l’Assemblée nationale de suivre le mouvement à la majorité absolue. Et le groupe GDR auquel appartient nos trois jeunes députés, Brotherson, Legayic et Chailloux soutient généreusement cette idée de ne pas laisser notre planète bleue entre les mains d’entreprises capitalistiques au mépris de toute vie sur terre.

Cette prise de position à Paris est-elle de nature à contrarier le président du Tavini huiraatira à un peu plus de trois mois d’une échéance électorale capitale ? Pas vraiment, tant le parti bleu ciel est coutumier des promesses qui n’engagent que ceux qui y croient ! Et en la matière, chacun aura vite fait de les oublier, pour revenir à un peu plus de réalité. Tout au plus, le grand écart, que chacun peut observer au sein de la classe dirigeante indépendantiste, n’est qu’une illustration des difficultés qui se profilent si, d’aventure, elle était amenée un jour à gouverner.

Enfin, dans les années 80, les manuels scolaires prédisaient la fin de l’ère pétrolière. Quarante ans plus tard, nous sommes encore, et plus que jamais, dépendants de cette source énergétique vendue à prix d’or et sans laquelle les économies mondiales sont vouées à tomber en récession. Alors, pour ce qui est des métaux précieux qui tapissent le fonds des océans…

Image: Science Po Défense et Stratégie

 

 

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