24 octobre 2024

Inauguration de la nouvelle salle d’exposition permanente du Musée de Tahiti et des îles

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Inauguration mardi soir de la nouvelle salle d’exposition permanente du Musée de Tahiti et des îles – Te Fare Iamanaha à Punaauia en présence des plus hautes personnalités du Pays et de l’Etat.

Retrouvez de larges extraits de l’allocution prononcée à cette occasion par le président Edouard Fritch.

« Nous nous étions donnés rendez-vous il y a un an, mais la pandémie a retardé notre programme et donné pas de mal de sueurs froides aux équipes à pieds d’œuvre sur le chantier… Ce soir, nous y sommes enfin : grand Bravo à tous !

(…)

Pour commencer, parlons du musée. Nous devons cette belle réalisation au talent de notre architecte, Pierre-Jean Picard. Nous le connaissons habituellement dans les projets hôteliers, mais ce soir il nous montre que le beau est dans tous les domaines. Avec cette architecture, il a su donner un cachet à la fois traditionnel et moderne à notre nouvelle structure.

Il s’est entouré d’un des meilleurs scénographes pour l’accompagner dans cette aventure, je veux parler du très célèbre Adrien Gardère, qui a signé la scénographie du Musée du Louvres-Lens, du Musée de l’Aga Khan ou encore de la Royal Academy of Arts.  Il nous fait l’honneur d’être présent ce soir avec nous et nous le saluons avec gratitude et respect.

Depuis toujours, la mission principale du musée consiste à rendre accessible, au plus grand nombre, le patrimoine culturel du Pays. Il montre donc l’art et ce qui est beau, mais aussi la science, la technique et l’histoire. Il montre les savoir et savoir-faire de nos populations.

Aujourd’hui, vous verrez, notre musée va plus loin. Il n’est plus seulement le gardien des collections. Il se soucie de la transmission des connaissances.

Cette transmission culturelle se conjugue avec les technologies du numérique pour offrir une véritable expérience de découverte, de divertissement, de réflexion et de partage des connaissances. Pour sûr, vous n’en aurez pas assez d’une visite au musée ! Et pour donner corps aux coups de crayons de messieurs Picard et Gardère, il a bien sûr fallu réunir une volonté… et des moyens.

Ce nouvel équipement a été co-financé par le Pays et l’Etat à travers différents instruments d’accompagnement financiers que sont le Contrat de Développement et la Convention-cadre culture que nous allons d’ailleurs reconduire par la signature, dès demain, d’un second volet avec le Haut-Commissaire. Je tiens ici à saluer monsieur Eric Spitz et à remercier l’Etat qui nous accompagne dans ce projet. Merci monsieur le Haut-commissaire.

En Polynésie, vous savez, le secteur de la Culture a longtemps peiné à avoir la reconnaissance et le soutien qu’il méritait.

Dans l’histoire des gouvernements, ce secteur a parfois été confié à de grands hommes de culture, tels que Maco Tevane ou Jean-Marius Raapoto… mais malheureusement, ces nominations n’avaient jamais été accompagnées des moyens nécessaires pour faire rayonner le secteur de la Culture. Était-ce simplement de l’affichage politique ? Je ne sais pas.

Des personnes dévouées et reconnues ont également été nommées à la tête de notre établissement muséal ; je pense à feu Jean-Marc Pambrun, à Manouche Lehartel et à bien d’autres encore… Avec quelques miettes et beaucoup de passion, ils ont accompli un travail de collecte et de conservation remarquable ; je tiens d’ailleurs à les féliciter !

Mais il est évident que, sans moyen, une personne, aussi compétente et volontaire soit-elle, ne peut que se retrouver bridée dans ses actions. Pour ma part, je ne voulais pas commettre cet impair.

Lors de notre arrivée au gouvernement en 2014, nous sortions de dix années d’instabilité politique et les finances du Pays étaient dans une situation très difficile. Mais, j’ai voulu épargner le secteur de la Culture. J’ai accru ses budgets. Ils sont ainsi passés de 821 millions F CFP en 2013 à 1,216 milliards F CFP en 2017, soit une augmentation de plus de 47%.

(…)

Te Fare Iamanaha nous rassemble non seulement par son écrin, avec son grand jardin et ses beaux bâtiments, mais aussi et surtout par les magnifiques pièces muséographiques qu’il recèle. Et pour cela, je tiens à nouveau à féliciter Miriama et toute son équipe, qui je le sais, se sont investis sans compter afin que ce projet soit à la hauteur de nos ambitions, à savoir : offrir à tous les polynésiens – ta’ata Tuha’a pae, ta’ata Enata, ta’ata Pa’umotu, ta’ata Ma’areva, ta’ata Tahiti nō Ni’amata’i e nō Raromata’i – un lien substantiel avec leur passé, mais aussi des clés de réflexion pour notre avenir.

Sur le plan architectural, l’un des objectifs était de mettre à niveau le nouveau bâtiment afin qu’il réponde aux normes internationales et soit en mesure d’accueillir des collections polynésiennes conservées dans d’autres musées.

Sur le plan patrimonial, grâce aux partenariats scientifiques et aux bonnes relations entretenues avec les institutions partenaires, nous avons pu concrétiser le rêve de toutes les communautés du fenua : accueillir le retour de nos pièces emblématiques, de nos témoins du passé…

(…)

Permettez-moi de dire un mot sur le Maro Ura.

Le dernier Arii à l’avoir vu et tenu, est Pomare II. Depuis, il a disparu. Personne ne savait ou n’avait l’infime idée de ce qu’il a pu devenir.

Puis, un miracle est apparu. De notre amitié avec Emmanuel Kazarhérou, le Maro Ura et plus précisément un de ses morceaux, réapparait au grand jour. Bien sûr, je suis très ému que ce Maro Ura réapparait avec nous, sous ma présidence. Serait-ce un signe ou est-ce juste une chance ?    

Je tiens à remercier tous les musées qui ont accepté de nous prêter, certains sur le très long terme, ces pièces exceptionnelles. Ils nous honorent de leur confiance et nous témoignent toute l’estime qu’ils ont pour notre culture et notre institution. Merci au Musée du Quai Branly – Jacques Chirac, représenté par son Président, Emmanuel Kazarhérou ; Merci au British Museum représenté par Julie Adams, conservatrice en charge des collections océaniennes. Merci au Museum of Archaeology and Anthropology of Cambridge représenté par son Directeur Sir Nicholas Thomas, Merci à la Congrégation des Pères des Sacré-Cœurs de Jésus et de Marie, représentée par le Père Éric.

En permettant le retour des artefacts polynésiens, ils permettent à l’ensemble de ces objets de se ressourcer et de s’imprégner à nouveau du mana des îles d’où ils sont partis… au loin, confiés à d’autres, afin d’être sauvés de la folie destructrice qui avait accompagné la conversion au christianisme.

Certains avaient eu en effet l’intelligence de ‘sauver leurs âmes’ en essayant de sauver les traces de ce passé qu’ils avaient peur de voir s’effacer.

A l’instar de Marie-Claude Tjibaou, considérons donc ces objets comme nos ambassadeurs les plus précieux, nos porte-paroles dans ces lieux, où beaucoup d’entre nous n’iront peut-être jamais… là, où ils ont été minutieusement conservés, restaurés, préservés et ainsi transmis jusqu’à nous.

Merci à toutes les mains, d’avant et d’aujourd’hui, qui ont permis cela ! Nos objets sont une belle image de la Polynésie et de l’Océanie toute entière…

Te Fare Iamanaha prépare déjà d’autres projets. Les travaux de rénovation de notre musée ne se terminent pas ici, car un nouveau bâtiment de conservation dédié aux collections lithiques du Fare Iamanaha et de la Direction de la Culture et du Patrimoine est actuellement en phase projet. Les appels d’offres devraient être lancés dans un avenir proche.

Par ailleurs, une nouvelle salle d’exposition permanente est à l’étude afin d’accueillir à la fois les collections publiques et privées d’art contemporain du fenua, ainsi que l’inestimable collection des costumes de danses du Heiva i Tahiti qui méritent d’être exposées dans des conditions optimales.

Le Musée de Tahiti et des îles – Te Fare Iamanaha, voyez-vous, a donc encore de beaux jours devant lui. Puisse-t-il compter sur notre soutien à tous !

Je vous remercie de votre attention.

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