Antony Géros retrouve le perchoir…avec les voix de AHIP (Maj)
Sans surprise, Antony Géros, l’un des principaux cadres du Tavini huiraatira, a été élu ce jeudi matin à la présidence de l’assemblée de la Polynésie française.
C’est l’acte 1 du Taui (changement en reo tahiti) après la victoire des indépendantistes aux élections territoriales du 30 avril dernier.
Fort de ses trente-huit représentants désignés pour siéger dans l’hémicycle, le parti bleu ciel a donc pris possession de la Maison du peuple.
Seul candidat à briguer le perchoir pour la seconde fois – la première étant en 2004 – Antony Géros a rassemblé bien au delà de son propre camp. En effet, à la surprise générale, quoique…, l’intéressé a été plébiscité par quarante-et-une voix. Soit trois de plus provenant du camp de A Here Ia Porinetia (AHIP) qui, depuis le début de cette nouvelle mandature, annonce vouloir s’inscrire dans une démarche « d’opposition constructive ».
De là à dire que les autonomistes rangés derrière Nicole Sanquer et Nuihau Laurey ont fait allégeance aux nouveaux maîtres des lieux…il n’y a pas loin.
Dans son discours d’intronisation aux manettes de l’assemblée délibérante, Antony Géros a commencé par une citation du père de l’indépendance singapourienne pour arriver à la conclusion que « nous ne connaissons pas notre histoire ».
Et de souligner qu’il y a trente sept ans, le fondateur du Tavini huiraatira, Oscar Temaru himself, faisait ses premiers pas dans l’hémicycle polynésien pour aboutir au premier taui de 2004, avant d’égratigner au passage l’Etat accusé d’avoir, à ce moment là, « défait les majorités » en place. Nul doute que les oreilles du haut-commissaire, Eric Spitz, ont du siffler. Ce qui, en revanche, n’était certainement pas fait pour déplaire au président du congrès de Nouvelle-Calédonie, Rock Wamytan, également présent.
Comme pour rassurer l’ensemble de la représentation territoriale, A. Géros s’est alors exclamé: « Je suis le président de tous les représentants, ma porte restera ouverte (…) Il nous appartient de nous retrousser les manches et de nous mettre au travail ». Message à peine voilée au futur président du pays, Moetai Brotherson, dont l’élection est programmée pour vendredi matin. Il incombera à celui-ci de tenir les nombreux engagements pris durant la campagne sur la base d’un « programme politique adaptée aux besoin de la population », a précisé Tony Géros.
En fin de séance, l’assemblée a également désigné les neuf membres du nouveau bureau. Celui-ci comprend six élus Tavini, deux du Tapura et un de A Here Ia Porinetia en la personne de Nicole Sanquer. Une répartition quelque peu surprenante puisqu’elle déroge au règlement intérieur de l’institution selon lequel seuls les groupes politiques constitués peuvent intégrer le bureau. Or, AHIP, avec ses trois élus, ne siège qu’en qualité de non-inscrits.
Au final, A. Géros aura réussi son tour de force en imposant Nicole Sanquer au poste de 3ème vice-présidente. Non pour siéger à sa place (trop dangereux) mais pour les avantages pécuniaires qui vont avec, à savoir: un double crédit collaborateurs pour un montant mensuel du 1 million de Fcfp. Du même coup, les « nouveaux amis » font un pied de nez au Tapura huiraatira qui devra se contenter de deux postes subalternes. C’est ce que l’on appelle une « ouverture » rondement menée!
Toujours est-il que cette première entorse du président de l’assemblée fera certainement l’objet d’un recours devant le tribunal administratif de Papeete, a d’ores et déjà annoncé le Tapura huiraatira. Ce qui donne déjà le ton de la nouvelle mandature…
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