Education: les Polynésiens trop assistés, selon le ministre Teriipaia
Soixante-et-un jours après avoir formé sa « dream-team », le président Brotherson a tenu un séminaire de coordination de la stratégie gouvernementale.
Objectif: rappeler les grandes lignes du programme électoral défendu par le Tavini huiraatira durant les dernières territoriales, s’assurer que tout le monde en a bien le même niveau de compréhension, avant que chaque ministère expose en public ses premières actions. Sur le principe, cette piqure de rappel ne peut qu’être bénéfique, en permettant de remobiliser les troupes dans la perspective de la prochaine session budgétaire.
Le problème, c’est qu’au-delà de l’idéologie politique qui constitue le socle commun, certains pourraient être tentés de s’enfermer dans une vision aussi absurde qu’exagérée. Et à tout le moins, déconnectée de la réalité. C’est certainement le cas du ministre-agrégé de l’Education, Ronny Teriipaia, dont on sait que son passage à la présidence des jeunes du mouvement indépendantiste, a laissé quelques traces nauséabondes…
Toujours est-il que dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux le jour même du séminaire, celui-ci s’est exprimé en des termes peu élogieux, voire pas respectueux du tout. Pour lui, c’est clair: l’objectif de ce gouvernement, c’est l’indépendance! Jusqu’ici, pas de surprise dans le discours.
« Dominer le peuple mao’hi »
Mais ce qui froisse un peu le ministre dans sa quête jusqu’au-boutiste, c’est de voir ces Polynésiens qui, selon lui, vivent dans « une culture d’assistanat, installée, diffusée (…) depuis l’arrivée du CEP, depuis l’installation du colonialisme dans notre pays (…) c’est une réalité puisque jusqu’à l’heure d’aujourd’hui, on rencontre des associations ou des personnes tout simplement qui viennent. Eh bien, ils ont toujours cet état d’esprit de demande d’aide, d’assistanat ». Et d’ajouter un peu plus loin, à l’adresse de l’Etat français, que c’était « une des principales armes, pour ne pas dire atout de l’Etat, pour essayer de dominer le peuple mao’hi ».
En revanche, pas un mot, sur le versement répété de subventions aux associations sportives et de jeunesse auquel se consacre le conseil des ministres tous les mercredis…
Aussi, ses collègues ministres devront s’en souvenir lorsqu’ils partiront à Paris pour renouveler un certain nombre de conventions financières (Santé, Culture, Environnement…) de partenariat, avec le risque de voir les sources budgétaires se tarir. C’est également un sacré camouflet pour le haut-commissaire, représentant de l’Etat Eric Spitz, qui depuis sa prise de fonctions en Polynésie française, n’a de cesse de multiplier les gestes d’amitié envers le président Brotherson. Quant à l’intéressé, il nous tarde de le voir personnellement à l’oeuvre dans sa chasse à l’assistanat.
Photo d’archives