Le père « d’Apostrophes » est mort à 89 ans
Le journaliste et écrivain Bernard Pivot, amoureux des belles lettres et présentateur de l’émission culte « Apostrophes », est mort lundi à Neuilly-sur-Seine. Il venait de fêter ses 89 ans. Retiré de la vie publique, il avait confié au Journal du Dimanche en avril 2023 être « frappé par le mal » au niveau du cerveau.
Passé par Le Figaro, Bernard Pivot lance « Apostrophes » le 10 janvier 1975. Pendant quinze ans, l’émission fera les grandes heures des vendredis soir du service public. La recette du succès : les premiers accords du concerto pour piano n°1 de Rachmaninov, quelques verres d’alcool, de nombreuses cigarettes et des débats passionnés – tantôt graves, tantôt badins -, autour de l’actualité littéraire mais aussi des grands classiques.
Quelques-unes de plus grandes plumes du XXe siècle se succèdent au micro du présentateur : Vladimir Nabokov, Alexandre Soljenitsyne, Marguerite Yourcenar, Marguerite Duras, Umberto Eco, Jean-Marie Le Clézio ou encore George Simenon. De nombreux artistes aussi, de Gainsbourg à Jean-Luc Godard, en passant par Georges Brassens et Renaud. Mais aussi des politiques, comme Valéry Giscard d’Estaing, François Mitterrand et Robert Badinter.
L‘affaire Gabriel Matzneff
Après l’arrêt d’« Apostrophes » en 1990, il avait créé « Bouillon de culture », toujours sur le service public, à l’horizon plus large que les livres, traitant aussi de cinéma et de théâtre. À la fin des années 1980, ses dictées – « Les Dicos d’Or » – réunissent des milliers de candidats pour un véritable championnat de France d’orthographe.
Elu à l’Académie Goncourt en 2004, Bernard Pivot assure la présidence du plus prestigieux des prix littéraires français à partir de 2014, en remplacement de l’écrivaine Edmonde Charles-Roux. Il quitte en décembre 2019 la présidence de l’Académie Goncourt. À la même période, la polémique enfle sur les réseaux sociaux autour d’une archive de l’émission « Apostrophes », datée de 1990, et dans laquelle apparait Gabriel Matzneff.
À l’occasion de la publication de son livre Mes amours décomposés, l’écrivain évoque sur le plateau de Bernard Pivot ses amours pédophiles, tandis que l’animateur se livre à plusieurs commentaires amusés. Avec 30 ans de recul, la séquence choque. « Aujourd’hui, la morale passe avant la littérature. Moralement, c’est un progrès », se défendra Bernard Pivot.
Né à Lyon le 5 mai 1935, Bernard Pivot était également connu pour être un amateur éclairé de vin et un fan de foot, en particulier de l’AS Saint-Etienne.
(Avec AFP)
Source: Yahoo actualités