Une nouvelle subvention d’équilibre de plus de 3 milliards Fcfp en faveur d’ATN
En attendant mieux et compte tenu de la situation financière préoccupante de la compagnie Air Tahiti Nui, la Polynésie française, actionnaire ultra-majoritaire à plus de 85%, s’apprête à débloquer une (nouvelle) subvention d’équilibre à hauteur de 3 milliards 193 millions de francs pacifique.
On connaissait les déboires d’Air Moana, alors qu’Air Tahiti se contente pour l’heure d’éponger les déficits (plus de 2 milliards attendus fin 2024…mais en attendant c’est le soldat ATN qui recueille toute l’attention des pouvoirs publics. Et pour cause, au cours des trois derniers exercices (2022, 2023 et 2024), la compagnie au tiare aura totalisé près de 10 milliards de pertes!
Une urgence telle que le gouvernement est en passe de dégainer un quatrième et ultime collectif budgétaire pour l’exercice 2024 dont la copie vient d’être transmise à l’aval des représentants à l’assemblée de la Polynésie dont les travaux préliminaires sont programmés le 15 octobre prochain.
Le gouvernement Brotherson avait, semble t-il, prévu le coup puisqu’une provision de 3,3 milliards de Fcfp avait été passée au premier collectif afin de garantir le risque lié à la détérioration des comptes. Fallait-il actionner le versement aussitôt alors qu’il n’y a visiblement pas péril en la demeure, chacun appréciera…D’autant et c’est écrit noir sur blanc dans le rapport de présentation du document budgétaire, que « la sortie de la défiscalisation des deux derniers boeing cette année (initialement prévue en septembre 2025) donne lieu à une mainlevée des garanties accordées sur 7,290 milliards de Fcfp d’encours de la société ».
Toujours est-il que l’actionnaire ultra-majoritaire, c’est à dire nous, la collectivité polynésienne, entend réaffirmer ici qu’il joue « pleinement son rôle » et qu’il attend en retour la présentation d’un plan de retour à l’équilibre ainsi qu’une nouvelle stratégie de développement. Que nous attendons tous, également, de la part du nouveau commandant de bord, Philippe Marie officiellement désigné le 30 avril dernier, voilà donc plus de six mois.
Un nouveau boss qui, en, dépit de ses talents de financier, avance à tâtons. Pour ne pas dire en terrain miné!
Il y a quelques jours, en effet, ce dernier n’a pas caché ses difficultés à se projeter sur l’avenir compte tenu des nouvelles velléités expansionnistes de ses principaux concurrents, à savoir Air France et Delta airlines, qui font la misère à Air Tahiti Nui sur la route la plus rentable, le Papeete-Los Angeles. Le président Brotherson qui avait critiqué son prédécesseur, Edouard Fritch, d’avoir en son temps accordé aux intéressés quelques largesses en terme de desserte, se voit aujourd’hui confronté au même dilemme: laisser la concurrence faire son oeuvre ou bien, réserver la part belle aux transporteur du fenua. La première option condamnerait encore un peu plus ATN à abandonner des parts de marché; quant à la seconde, elle créerait un précédent fâcheux dans le ciel polynésien avec des mesures de rétorsion dont personne ne veut dans le secteur aérien.
