17 octobre 2024

Qu’est ce qui pousse la Chine à vouloir envahir Taiwan …?

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Trois quarts de siècle après la séparation entre les deux Chines, les tensions sont plus vives que jamais. Les importantes manoeuvres militaires lancées ces derniers jours par Pékin autour de Taïwan n’en finissent plus de raviver les inquiétudes autour d’une possible invasion de l’île par l’armée chinoise.

Depuis son accession à la présidence en 2013, Xi Jinping a en effet rappelé à plusieurs reprises que la « réunification » avec Taïwan était l’un des objectifs prioritaires du Parti Communiste au pouvoir. Mais pourquoi le pays le plus peuplé du monde (1,4 milliard d’habitants répartis sur un territoire de plus de 9 millions de km²) tient-il autant à cet archipel aux dimensions beaucoup plus modestes (35 000 km² et 23,5 millions d’habitants) ?

Taïwan appartient-il historiquement à la Chine ?

Le premier niveau d’explication à la volonté affichée par Pékin de mettre la main sur Taïwan renvoie à l’argument souvent avancé par le géant asiatique : cette île située à moins de 200 km des côtes chinoises ferait partie intégrante du territoire national. La réalité historique est toutefois un peu plus complexe, comme le rappelle le sinologue Jean-Pierre Cabestan dans un épisode du Dessous des Cartes consacré à cette question.

Toutefois, si l’actuel président de la RPC invoque régulièrement ce passif historique pour justifier l’intérêt porté à Taïwan, ses objectifs semblent être davantage d’ordre stratégique. En premier lieu, l’archipel autrefois appelé Formose constitue un enjeu géopolitique majeur pour Pékin en tant que voie d’entrée dans l’océan Pacifique.

« Pékin est d’une certaine manière confinée dans les mers de Chine, elle n’a pas un accès libre à l’océan Pacifique, parce qu’elle fait face à ce chapelet d’îles qui sont des pays avec lesquels elle entretient des relations relativement hostiles », explique ainsi au Monde Marc Julienne, responsable des activités Chine au Centre Asie de l’Institut français des relations internationales (IFRI). Selon ce dernier, cette situation géographique fait de Taïwan « une sorte de verrou pour la Chine sur le Pacifique ».

La conquête du territoire taïwanais pourrait ainsi inverser les rapports de force militaires régionaux très favorables aux États-Unis, qui disposent de nombreuses bases dans cette partie du globe. « La Chine cherche à démanteler le réseau d’alliances américaines dans la région, affirme Marc Julienne. L’objectif est que l’armée chinoise soit en mesure de dissuader les États-Unis d’intervenir dans la région grâce à des tactiques de déni d’accès, qui vont rendre beaucoup plus difficile pour les Américains de se rapprocher de la Chine et de Taïwan. »

Sur le plan militaire, l’idée est également d’ouvrir à la marine chinoise des routes qui lui sont pour l’instant trop difficiles d’accès. En effet, comme le soulignent Les Echos, « les mers de Chine orientale et méridionale ne sont pas assez profondes pour y faire plonger les sous-marins lanceurs d’engins (de l’armée chinoise). Alors que la façade orientale de Taïwan plonge dans le Pacifique, avec des eaux immédiatement très profondes. »

Pour la RPC, l’intérêt stratégique d’une annexion de Taïwan ne se limite d’ailleurs pas à l’aspect militaire. « Il faut resituer la problématique du détroit de Taïwan dans un ensemble plus vaste d’expansion globale de la puissance maritime chinoise, indique Marianne Péron-Doise, directrice de l’Observatoire géopolitique de l’Indopacifique à l’Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS), citée par Le Monde. En contrôlant Taïwan, la Chine pourrait élargir sa zone économique exclusive et apporter des restrictions à la navigation. »

Dans un premier temps, l’objectif est surtout d’imposer une domination totale sur une zone de navigation actuellement composée en partie d’eaux internationales, afin de « sécuriser » un chemin dont le rôle est crucial pour la bonne santé du commerce et de l’économie chinoises. D’après Le Devoir, ce sont ainsi « plus du tiers des exportations chinoises, chiffré à 874 milliards de dollars américains en 2016, et près de 80 % de son approvisionnement énergétique » qui passent chaque année par le détroit de Taïwan.

Enfin, la prise de contrôle de Taïwan par le Parti Communiste chinois lui permettrait également de mettre la main sur une industrie de haute technologie elle aussi particulièrement stratégique. Grâce notamment au soutien de son allié américain, Taïwan s’est ainsi fortement développé économiquement depuis une cinquantaine d’années, se spécialisant notamment dans la production de semi-conducteurs.

Ces composants aux propriétés très spécifiques sont aujourd’hui indispensables dans la fabrication de nombreux produits utilisés au quotidien partout dans le monde, à commencer par les téléphones et les ordinateurs, et les entreprises taïwanaises occupent une position hégémonique sur ce marché. Selon Le Monde, 63% de la production mondiale de semi-conducteurs provient de Taipei et selon Le Devoir, cette proportion monte même à 90% pour ce qui est des « semi-conducteurs les plus avancés ».

source: Yahoo actualités

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