21 octobre 2024

« Buvez de l’eau et ça ira mieux ! »

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Interrogé jeudi soir sur le plateau de Polynésie 1ère, le président Moetai Brotherson a émis cette petite recommandation (ironique, voire provocatrice ?) à l’adresse de celles et ceux qui auraient tendance à abuser des boissons trop sucrées, sources en Polynésie française de nombreuses maladies comme les affections rénales.

A quelques semaines de l’adoption du projet de budget 2025 de la collectivité, qui prévoit notamment une hausse sensible de la TVA, de 5 à 16%, uniquement sur les produits déjà « frappés » par la taxe sur la consommation (TCP), avec la possibilité d’élargir la taxation à d’autres produits trop gras ou trop salés (lesquels ?), le gouvernement semble faire preuve d’une volonté inébranlable d’aller jusqu’au bout. Du moins pour l’instant…

Car, à l’exception de certains industriels pointés du doigt comme la Brasserie de Tahiti, mais pas seulement…pour l’heure, les consommateurs observent sans broncher ce tour de vis fiscal qui risque immanquablement d’alourdir encore un peu plus le panier de la ménagère.

Sous couvert de lutter contre l’obésité et par la même occasion, de freiner l’accroissement exponentiel des dépenses de santé, le tandem Mercadal-Dexter ne veulent pas faire dans le sentiment. C’est pour le bien des Polynésiens ! Et de gré ou de force, les buveurs de sodas à tout-va vont devoir rentrer dans le rang.

Pas d’alternative

Sur le principe, pourquoi pas: « Il est louable de vouloir agir pour la santé publique… » a déclaré le représentant Fritch, jeudi à l’APF dans le cadre d’une question orale. Mais avec quelles conséquences ? « Pour les foyers les plus aisés, l’adaptation sera possible mais pour les ménages à faibles revenus, cela pourrait signifier un recours à des produits de qualité inférieure entraînant des conséquences potentiellement plus graves pour leur santé et bien-être. A titre d’exemple, la hausse du prix du tabac n’a pas fait diminuer la consommation de cigarettes mais a fait augmenter les parts de marché du tabac à rouler sans filtre », a poursuivi le chef de file du Tapura huiraatira.

En fait, on peut surtout reprocher au gouvernement de n’offrir aucune alternative aux Polynésiens soucieux de revenir à une alimentation plus saine et équilibrée. D’autres pays sont confrontés à la même problématique. A l’instar de la métropole qui, en contrepartie, d’une taxation plus sévère, est en phase de test pour allouer aux familles nécessiteuses un bon de 30 à 50 euros par mois pour acheter uniquement des fruits et légumes. Mais ce que MM. Mercedal et Dexter ne disent pas, c’est qu’il faut absolument faire rentrer de l’argent dans les caisses du Pays, et notamment pour la Protection sociale généralisée (PSG) privée depuis un an maintenant du rendement de 10 milliards de Fcfp générée par la seule « TVA sociale » annulée par les nouveaux gouvernants.

Seule solution envisagée « à terme », dixit Moetai Brotherson, c’est la suppression des Produits de première nécessité (PPN), jugés « inéquitables et de nature inflationnistes ».  Une véritable arlésienne. A la place, les familles en difficulté disposeront d’une carte « faatupu », gérée par les affaires sociales (DSFE), pour leur permettre de faire leurs courses à moindre frais.

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