Concurrence « sous contrôle » entre Los Angeles et Papeete
Selon nos informations, le président de la Polynésie française, Moetai Brotherson, par ailleurs en charge du Tourisme, aurait décidé de rejeter les demandes de fréquences aériennes supplémentaires sollicitées par les compagnies Air France et Delta airlines sur le tronçon Los Angeles-Papeete qui fait l’objet d’une âpre concurrence.
Alors que se tient cet après-midi (ndlr, aujourd’hui, mardi) un conseil d’administration d’Air Tahiti Nui de la plus haute importance pour l’avenir de la compagnie au tiare, ce positionnement de la collectivité polynésienne est, sans nul doute, une bonne nouvelle !
Trois « bonnes » raisons conduiraient ainsi la tutelle à ne pas accroître la capacité en nombre de sièges offerts sur cet axe stratégique pour le tourisme polynésien: la première, c’est que Delta renoncerait finalement à ses nouvelles ambitions dans le ciel polynésien. La seconde, c’est que les deux transporteurs en question (Air France et Delta) seraient déjà en « perte de vitesse » sur ce tronçon avec des coefficients de remplissage moindres qu’en 2023. Enfin, il s’avère que durant la période en question, c’est à dire de mai à octobre 2025, le tarmac de l’aéroport de Tahiti-Faa’a doit faire l’objet d’importants travaux, rajoutant ainsi de la complexité à la congestion déjà observée.
Toujours est-il qu’au moment où ATN traverse de graves difficultés financières avec un nouveau déficit de plus de 4 milliards de Fcfp attendu pour la fin de l’année, le Pays, en tant qu’actionnaire ultra majoritaire, entend multiplier les gestes de soutien et de bonne volonté. Non seulement, en contenant l’ardeur de féroces concurrents qui peuvent se permettre de casser les prix, mais aussi et surtout en octroyant une subvention d’équilibre à hauteur de 3 milliards 193 millions de Fcfp qui devrait être officialisé lundi 28 octobre lors de l’adoption par l’assemblée du quatrième collectif budgétaire de la Polynésie française.
En contrepartie d’un gros chèque de 3,193 milliards de Fcfp, signé par l’ensemble des Polynésiens, la collectivité ne manquera pas d’imposer à son satellite et surtout, à son nouveau commandant de bord, Philippe Marie, une convention d’objectifs aux fins de s’assurer d’un redécollage des activités et bien évidemment d’une rentabilité retrouvée. Encore faudrait-il que la compagnie trace de nouvelles routes en direction de l’Asie ou de l’Amérique du sud, plutôt que de se contenter de rester sur ses acquis…
A ce jour, en effet, Air Tahiti Nui n’a toujours pas présenté sa nouvelle stratégie de développement et de redressement de ses comptes. Ce qui n’est pas sans donner quelques frissons aux élus de l’assemblée qui craignent, à terme, de devoir remettre la main à la poche.