Résolution sur la décolonisation: le « joli » coup politique d’Antony Géros
Conférence de presse commune Tapura huiraatira – A Here Ia Porinetia lundi après-midi dans les jardins de l’assemblée de la Polynésie française pour commenter trois sujets d’actualité.
Le premier a trait au cyclone Chido qui vient de frapper durement le département français de Mayotte dans l’Océan indien. Comme il l’a déjà fait officiellement quelques heures plus tôt, le parti d’Edouard Fritch a saisi le président Moetai Brotherson afin d’obtenir le déblocage d’ une aide d’urgence en faveur des populations sinistrées. Cela pourrait prendre la forme d’un container de nourriture envoyé depuis Paris par la délégation polynésienne, précise le communiqué.
Le moment ou jamais de baisser la pression fiscale
Le second sujet du moment, c’est l’adoption du budget primitif du Pays pour l’exercice 2025 au terme de quatre longues journées d’échanges à Tarahoi, les 9,10, 11 et 12 décembre derniers. Des échanges au cours desquels la minorité a déposé une quarantaine d’amendements afin de montrer sa bonne volonté dans un esprit constructif. Un seul, et encore technique, sera adopté en séance.
Pour le leader de AHIP, Nuihau Laurey, il ne fait aucun doute que « la minorité connaissait mieux le budget que la majorité », rappelant au passage ce terrible aveu de Tematai Legayic qui, quelques jours plus tôt sur les antennes de Radio 1, reconnaissait lui même que le Tavini huiraatira n’était « pas un parti de gouvernement ». Et qu’à ce titre, la copie ne pouvait qu’être imparfaite…
La réalité, pour le Tapura, c’est qu’il n’y a « rien sur la baisse des prix et le pouvoir d’achat (…) C’est un budget déconnecté des besoins de la population. Pire, un budget de fonctionnement qui dérape…« . Le tout, dans un contexte économique et budgétaire euphorisant avec une trésorerie qui n’a jamais été aussi élevée (51 milliards de Fcfp). Raison de plus pour renverser la table, plaide pour sa part Nuihau Laurey: c’est le moment ou jamais de baisser la pression fiscale en réduisant les dépenses publiques et la masse salariale. Et d’ajouter: « On ne peut plus continuer de doter les établissements publics (Vanille de Tahiti, Golf d’Atimaono etc) comme par le passé… »
En vain. Le gouvernement Brotherson reste sourd à toute réforme d’ampleur.
Décoloniser, c’est quoi au juste ?
Enfin, cette conférence de presse a également permis de revenir sur la proposition de résolution sur la décolonisation de la Polynésie française, portée par l’actuel locataire du perchoir, Antony Géros, qui se trouve être le numéro 2 du Tavini huiraatira. « Pourquoi cet empressement ? » s’interrogent les autonomistes pointant du doigt la rapidité avec laquelle le texte a été dévoilé puis adopté le 13 décembre dernier par 37 voix « pour ». Seule explication logique: un « joli » coup politique d’Antony Géros visant à « marquer son empreinte à la face de Moetai Brotherson, en tant que dauphin légitime et gardien du temple Tavini ».
Aux yeux d’Edouard Fritch, cette quête de l’indépendance ne vise qu’à « laver le passé ». Avant d’indiquer que « vouloir se dédouaner de ce passé, est une posture irrespectueuse envers tous nos anciens et irresponsables pour bâtir notre avenir ». Quant à Nuihau Laurey, il ne peut que constater une évolution dans l’esprits des Tavini: de l’indépendance, on est passé à la souveraineté et désormais, c’est la décolonisation qu’il faut obtenir à tout prix. Mais c’est quoi la « décolonisation » ? Comme E. Fritch et Tepuaraurii Teriitahi avant lui, il regrette par ailleurs que la majorité ait rejeté la proposition de modification portée par les vingt signataires pour que ce sujet soit débattu par le peuple au travers l’organisation d’un référendum.