Le père noël (très) en retard pour la prime des retraités…
Contrairement à l’affichage initial du gouvernement Brotherson, le versement de la dite prime exceptionnelle au titre de l’exercice 2024 ne pourra pas intervenir avant le mois de février 2025. Au mieux!
Cruelle désillusion pour les élus de l’assemblée, notamment de la majorité, réunis ce mercredi après-midi pour faire adopter en urgence le projet de loi du pays portant institution d’une prime exceptionnelle et unique pour les personnes bénéficiaires du régime de retraite des travailleurs salariés de la Polynésie française.
Pour celles et ceux qui sont rompus aux procédures législatives, il était évident que l’article LP4 du texte prévoyant un versement « au plus tard le 31 décembre 2024 » ne pouvait pas tenir la route. A ceci près que le ministre de la Santé, Cédric Mercadal, semblait découvrir cette impasse juridique…D’abord, parce qu’une loi de pays comprend un délai de douze jours entre son passage en commission législative et son adoption en plénière. Ensuite, parce qu’une dernière séance, extraordinaire celle-ci, est bien programmée demain, jeudi 19 décembre, avant des vacances bien méritées.
Enfin et surtout, parce que le président de l’institution, Antony Géros, a d’ores et déjà fait savoir que compte tenu du peu d’agents administratifs disponibles en cette période festive, il lui sera bien difficile de reconvoquer les élus à quelques heures seulement du passage à la nouvelle année. Mais ce qu’il oublier de dire, c’est que l’exécutif, en l’occurrence le président du Pays, est le maître des horloges et qu’il lui appartient, seul, d’appuyer sur le bouton si le besoin s’en fait sentir.
A quoi bon se précipiter ?
S’agissant des délais de versement, « le point de départ…c’est vous! » a martelé le délégué interministériel, Pierre Frébault, fin connaisseur de la chose. Autrement dit, plus tôt le texte aura été adopté, plus vite les choses se mettront en place. Sauf qu’une loi de pays prévoit également un délai d’un mois durant lequel elle est « attaquable » par tout citoyen devant la juridiction compétente. Auquel cas, on peut se demander: à quoi bon se précipiter ?…
C’est justement cette précipitation que la minorité, mais pas seulement…, souhaite aujourd’hui pointer du doigt. Le gouvernement a en effet attendu le mois de novembre pour engager le processus de consultation au Cesec puis à Tarahoi, alors même que le CA de la Caisse de prévoyance sociale avait émis son voeu d’une redistribution des bénéfices de la branche retraite (3 milliards de Fcfp)…le 4 mai dernier, soit six mois plus tôt. Il faut dire que la majorité actuellement au pouvoir, consciente de ne pas avoir tenu ses engagements en matière de lutte contre la cherté des prix, ne sait plus aujourd’hui à quel saint (ou mesure miracle) se raccrocher pour limiter son impopularité ambiante.
Preuve encore et enfin que ce texte n’est ni fait, ni à faire, pas moins de quatre amendements sont venus amender la copie initiale. L’un d’eux vient au passage étendre la portée du « cadeau » à d’autres types de prestations ou d’allocations qui en étaient exclus au départ, à savoir: ceux (1531) qui touchent le moni ruau (minimum vieillesse) et les anciens cotisants (735) du Régime de protection sociale en milieu rural (RPSMR).
En conclusion, la dite prime coûtera la bagatelle de 850 millions de Fcfp, soit un versement unitaire de 23 000 Fcfp par retraité.