Pour une meilleure prise en compte des enjeux environnementaux de l’industrie minière
Le Conseil économique, social, environnemental et culturel (CESEC) a adopté ce jour par 39 voix « pour », 4 « abstentions » et O « contre » un projet de loi du pays instituant un code des mines et des activités extractives de la Polynésie française. Sous réserve, naturellement, de la prise en considération d’un certain nombre d’observations et de recommandations…
La quatrième institution du Pays considère que les mines et activités extractives sont à regarder avec une acuité accrue en raison de leur nature et de leur caractère impactant sur l’environnement et le patrimoine naturel. Le défi consiste à concilier les enjeux économiques qu’elles représentent avec les exigences d’un développement durable et équilibré.
En effet, les bouleversements et conséquences induits par l’exploitation minière et les activités extractives pourraient irrémédiablement porter atteinte à l’environnement et aux écosystèmes, dont on connaît peu ou pas la capacité de résilience.
La société civile est donc favorable à l’édiction d’un nouveau cadre réglementaire destiné à mieux prendre en compte les enjeux environnementaux et la participation du public. D’autant que la réglementation actuelle comporte une insécurité juridique en ce qu’elle n’intégrerait pas toutes les exigences environnementales à valeur constitutionnelle qui s’imposent en vertu de la Charte de l’environnement depuis 2005.
Le CESEC préconise également de clarifier et compléter, dans le cas spécifique de projets miniers et des carrières, le régime de responsabilité environnementale, de prévention et de réparation des dommages causés au patrimoine naturel, culturel et humain.
De même, les dispositions relatives à la réhabilitation ne doivent pas se limiter aux seules modalités techniques et financières des sites miniers « à l’issue de leur exploitation « .
Il convient de mieux définir et prévoir les obligations qu’emporte la notion de « réhabilitation », et de l’élargir à toute la durée de vie de la concession.
Le CESEC recommande la mise en place préalable d’un PGA dans les communes sur les territoires desquels est envisagé un projet minier ou d’extraction de matériaux.
Le CESEC plaide pour que les retombées économiques et sociales de l’industrie minière ne se limitent pas à la durée de vie du projet minier, par nature temporaire. Tout projet minier doit s’insérer dans le cadre plus large d’un projet de développement durable et équilibré, favorisant la concertation et l’adhésion du public.
Il considère que l’information, la concertation et la participation du public tout au long du cycle de vie du projet minier sont les conditions nécessaires au développement d’une activité minière. Il préconise la mise en place d’instruments et espaces de dialogue et d’échanges appropriés, à la fois efficaces et innovants, permettant une large concertation et information du public.
Le CESEC considère que la mise en place d’une taxe sur les extractions et de centimes additionnels pour les communes participent d’une redistribution plus juste des retombées économiques liées aux mines et aux carrières. Néanmoins, il n’est pas certain de l’opportunité des exonérations proposées en raison du manque à gagner qu’elles représentent. Le CESEC réitère par ailleurs sa recommandation faite dans le cadre de l’autosaisine précitée, visant à réviser l’article 47 du statut de 2004 en faveur de la Polynésie française et de son développement économique.
De plus, il constate que le régime de l’« extraction de matériaux » n’entre pas dans le champ du dispositif fiscal proposé, alors qu’il participerait d’une redistribution plus équitable.
Le CESEC recommande de définir une politique d’approvisionnement et de gestion des ressources minérales à la fois concertée et durable, dans les meilleures conditions économiques, sociales et environnementales pour le Pays.
Il rappelle que l’approvisionnement de matériaux est une nécessité pour les activités humaines, l’aménagement du territoire et le développement économique de la Polynésie française.
Il considère donc que les questions d’approvisionnement en matériaux doivent s’inscrire de manière formelle et transparente dans les politiques publiques du Pays. Il recommande notamment d’établir un schéma directeur des extractions et des approvisionnements en matériaux à l’horizon 2050.
Source: CESEC