7 septembre 2024

A 93 ans, l’heure d’une quasi-retraite a sonné pour Gaston Flosse

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Le président démissionnaire du Amuitahiraa o te nunaa maohi, Gaston Flosse, a donné une longue conférence de presse ce mardi matin au cours de laquelle il s’est confié sur ses voeux pour son mouvement politique, mais également sur ce dont il est le plus fier d’avoir accompli durant sa vie politique.

Le « vieux lion » aura attendu 93 ans pour se résoudre à passer le flambeau. Lui que l’on disait inoxydable ! Lui qui se souvient, comme si c’était hier, de la (mauvaise) pilule que lui ont fait avaler le tandem Schyle-Bouteau au lendemain de sa plus grande défaite en 2004. Son âge mais également une santé déclinante l’ont donc contraint à faire un pas de côté. Place à la relève… Même s’il entend rester un fin observateur de la vie politique polynésienne.

Ce passage de relais en faveur de Bruno Sandras offre aujourd’hui une nouvelle perspective. En effet, ce successeur potentiel se voit confier une mission de la plus haute importance, à savoir: organiser le prochain congrès du Amuitahiraa o te nunaa maohi, seule instance habilitée à désigner le futur président.

Aussi, le 28 septembre 2024, quel que soit le nombre de candidats en lice – Bruno Sandras lui même, Pascale Haiti, Gilda Faatoa et bien d’autres  ? – « le grand gagnant devra être impérativement le Amuitahiraa », prévient B. Sandras. Autrement dit, ne pas en sortir divisé car l’expérience de l’alliance des autonomistes, Amui Tatou, a clairement démontré que l’union est la seule voie pour gagner !

Voilà pour l’actualité et la nouvelle page qui est en passe de se tourner. Il n’en demeure pas moins un bilan à l’actif du metua, ce père de l’autonomie qui, après maintes révisions de la loi organique portant statut de la Polynésie (en 1990, 96 et 2004), est plus que jamais convaincu qu’il faut passer à un cran supérieur, celui de Pays souverain associé à la France.

Sans langue de bois

Quitte à s’attirer de nombreux détracteurs, Gaston Flosse estime que c’est la seule voie possible pour permettre à notre collectivité française du Pacifique de mieux s’insérer dans le nouvel ordre mondial. Toujours adossée à la France, sans laquelle il « manquerait 140 milliards de Fcfp chaque année », reconnaît -t’il avant de railler au passage celles et ceux qui prétendent que « nous sommes riches, riches de quoi ? ». Mais cette rallonge – comparée aux 210 milliards de dépenses en 2023 dont se targue l’actuel haut-commissaire – apparaît plus que supportable au regard de ce que la Nation doit à la Polynésie…

Certes, le président du Amuitahiraa s’est quelque peu endurci dans ses propos vis-à-vis de l’Etat français. Pour autant, il n’est pas devenu indépendantiste. Mais il est des domaines sur lesquels il ne vaut pas marcher sur ses plates-bandes !

A ce propos, Gaston Flosse n’a toujours pas digéré d’entendre le président Macron dire « non » à tout investissement chinois dans nos îles, sacrifiant du même coup le projet aquacole sur l’atoll de Hao. Parmi ses autres grands regrets, c’est celui de ne pas avoir pu inaugurer le complexe touristique Mahana Beach, rebaptisé depuis Village Tahitien. « Si on avait commencé en 2013, il ne manquerait pas de chambres aujourd’hui pour accueillir les touristes » ! Quelle tristesse, en effet, de voir toujours inoccupé ce domaine de 57 hectares acquis en bord de mer sur la côte Ouest de Tahiti, alors même que l’ancienne équipe au pouvoir, sous la direction du président Fritch, avait validé la candidature de plusieurs lauréats parmi lesquels des investisseurs locaux bien connus.

Le président du Amuitahiraa n’est pas tendre non plus sur le sujet du CHPf. Un magnifique ouvrage, succédant à l’hôpital Mamao, qu’il aurait fallu coupler avec la reconstruction des hôpitaux périphériques (Taravao, Raiatea), pour éviter que tout le monde ne vienne engorger la structure de Pirae. Et au rythme où la qualité des soins semble se dégrader au Taaone, ce sera pire qu’avant, prédit le vieux lion.

Quant à Moetai Brotherson enfin, Gaston Flosse n’en démord pas: « Ce n’est pas l’homme de la situation (…) Sa seule préoccupation, c’est de faire venir Google chez nous ».

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