Alliance avec le RN: Les Républicains divisés plus que jamais
Le patron de LR Eric Ciotti a provoqué mardi un séisme au sein de son parti en appelant à rejoindre le Rassemblement national, sans parvenir à entraîner avec lui pour l’instant d’autres dirigeants du parti, la plupart ulcérés par sa décision.
La rumeur sur un accord avec l’extrême droite avait couru tout au long de la matinée. Eric Ciotti l’a confirmée sur TF1 à la mi-journée: « Nous avons besoin d’une alliance, en restant nous-mêmes, (…) avec le Rassemblement national et avec ses candidats ».
Le député des Alpes-Maritimes, connu pour ses positions droitières, est ainsi devenu le premier dirigeant du parti gaulliste à proposer un accord qui, s’il se concrétise, sera le premier de ce genre en France avec l’extrême droite.
Le patron de LR, qui juge son parti « trop faible » pour s’opposer à la Macronie et au RN, a estimé que la droite avait besoin de cet accord pour préserver sa représentation à l’Assemblée nationale, qui compte aujourd’hui 61 députés, dont beaucoup ne sont pas sur sa ligne.
Il a assuré être suivi par le président des jeunes LR, Guilhem Carayon, candidat dans le Tarn, la N.2 de la liste aux européennes Céline Imart, et des « dizaines de parlementaires ».
Les Républicains, qui se sont effondrés sous la barre des 5% à la présidentielle en 2022, ont été pris en étau entre la majorité macroniste, qui a multiplié les débauchages dans ses rangs, et le RN et Reconquête qui ont séduit nombre de ses militants.
Au cours des dernières années, le parti a hésité entre une ligne droitière pour récupérer ses électeurs passés au RN et une autre plus centriste afin de ramener au bercail ceux qui ont rejoint la Macronie.
Interrogé sur son maintien à la tête de LR, M. Ciotti, élu président du parti en décembre 2022, a répondu vouloir rester à son poste, précisant que « seuls les militants pourraient me l’enlever ».
« On ne trahit pas! »
Après cette annonce fracassante, les dirigeants du parti ont rejeté catégoriquement cette alliance, parmi eux Laurent Wauquiez, pourtant soutenu par Eric Ciotti lui-même comme candidat de la droite à l’Elysée en 2027. « Parfois on convainc, parfois on ne convainc pas, mais on ne trahit jamais », a-t-il déclaré à Yssingeaux (Haute-Loire) où il a annoncé sa candidature aux législatives.
Le président LR du Sénat Gérard Larcher, qui s’est toujours opposé à un accord avec l’extrême droite, a assuré qu’il « n’avalisera jamais un accord avec le RN ». Le patron des sénateurs LR Bruno Retailleau, est allé plus loin accusant le chef du parti de « déloyauté ».
Les dirigeants de LR ont voulu montrer leur unité et la solitude de M. Ciotti en publiant une tribune dans Le Figaro, assurant que sa décision était « une impasse ».
Au sein du parti, on assure par ailleurs que M. Ciotti « n’a aucun pouvoir d’investir » et que la désignation des candidats LR revient à la commission nationale d’investiture (CNI) où il ne disposerait pas d’une majorité. « Sa décision est donc nulle et non avenue », assure à l’AFP un cadre du parti.
Selon un cadre du parti, les résultats décevants de LR aux européennes dans son bastion des Alpes-Maritimes, où la liste de François-Xavier Bellamy n’est arrivée que 5e avec 8,9% des voix, loin derrière le RN (37,7%), auraient joué un rôle dans la décision de M. Ciotti.
Et le président des Hauts-de-France Xavier Bertrand était monté en première ligne pour exiger de M. Ciotti « une clarification » de la position du parti face au RN. « L’ADN de la droite républicaine, c’est jamais les extrêmes, jamais le Front national, jamais Marine Le Pen! », a martelé le président des Hauts-de-France.
Du côté du RN, en revanche, Marine Le Pen a salué « le choix courageux » et « le sens des responsabilités » d’Eric Ciotti et a dit espérer « qu’un nombre conséquent de cadres LR le suivent ».
« Quarante ans d’un pseudo cordon sanitaire, qui a fait perdre beaucoup d’élections, est en train de disparaître », a fait valoir auprès de l’AFP la patronne des députés Rassemblement national.
source: Yahoo actualités