Bilan des 100 jours: un non-évènement
Tant sur la forme que sur le fond, force est de constater que le président de la Polynésie française a échoué dans son épreuve de grand oral.
Nous avions tiré la sonnette d’alarme! L’exercice, auquel s’est astreint le président Brotherson, mercredi soir en direct sur Polynésie 1ère, était périlleux. Pour ne pas dire risqué. Même pour un grand communicant comme lui. Trop long, insipide, presque pathétique…cette rencontre solennelle avec les Polynésiens, malgré l’heure avancée…, a incontestablement tourné en eau de boudin.
Sur la forme d’abord, le leader de la nouvelle « dream-team » polynésienne n’avait pas la stature. A trop regarder le prompteur, en français du moins, c’est moyen. Même son assise en début d’intervention, quelque peu avachie, traduisait un manque de sérieux et de respect dus à la fonction. Certes, Moetai Brotherson se veut proche de son peuple…de là à s’éponger le front en direct, ça manque de classe.
Sur le fond ensuite, les observateurs avertis restent sur leur faim ! C’est tout juste si les ministres ne se sont pas contentés de compiler les communiqués du conseil des ministres pour donner du volume à leur action depuis la mi-mai. Obligeant du même coup le président à faire le tri dans ce catalogue de…497 mesures. Ni plus ni moins. Et le comble, c’est qu’aucune d’entre-elles (ou si peu) n’a eu jusqu’ici besoin de passer par un vote solennelle des représentants à l’assemblée.
Pour rendre à Moetai ce qui lui appartient, reconnaissons lui quand même la paternité du retrait de la « TVA sociale » à compter du 1er octobre. Pour la remplacer par quoi ? On y travaille…Les idées sont encore floues: une contribution sur les salaires de plus de 600 000 Fcfp certes, mais pas seulement. Le Pays, c’est à dire notre argent collecté au travers des impôts et autres taxes, mettra également la main à la poche dans le Budget primitif 2024 présenté courant décembre, a indiqué pour sa part le député Legayic. Et ce, grâce aux confortables réserves budgétaires laissées par le gouvernement Fritch. Applaudissons également le règlement des 1461 dossiers Cotorep en souffrance depuis le début de l’année.
Mais pour le reste, nombre de (nouvelles) mesures ne sont en fait que des reprises de dispositifs existants jusqu’ici. A l’instar de la carte de retrait à vocation sociale « Faatupu », autrement appelée en son temps « Autia. Idem pour les Fare Ora que la ministre Crolas s’empresse de multiplier aux quatre coins du pays, histoire de faire oublier les Fare Natiraa…Quant à vouloir anonymiser les dossiers OPH, c’est une nouvelle preuve d’enfumage du président Brotherson. Dans une collectivité comme la nôtre, tout le monde se connaît, se fréquente et tombe dans le copinage. Pour un boulot, un fare etc. Prétendre que, demain, le bénéficiaire d’un fare ou d’un appartement OPH obtiendra gain de cause au seul motif qu’il le mérite par sa condition sociale, est un mensonge éhonté.