Cap 2025: pas moins de 216 mesures pour relancer l’économie polynésienne (Maj)
Le président du Pays, Edouard Fritch, et le vice-président du gouvernement, Teva Rohfritsch, ont dévoilé, en fin de matinée, les grandes lignes du Plan de relance économique de la collectivité pour les cinq prochaines années.
Cette présentation, très attendue depuis quelques jours, intervient dans un contexte particulier, entre une crise sanitaire qui plonge le monde dans la plus grande incertitude et la menace d’une agitation sociale jugée pour le moins inopportune. Elle devance de quelques heures seulement celle qui sera faite par le Premier ministre, Jean Castex, à l’échelon national.
Mais en bon capitaine et homme de dialogue, le chef de l’exécutif local a appelé en préambule à « la mobilisation et à la cohésion de tous » pour traverser la tempête.
Quand pourrons-nous retrouver une vie normale ? Nul ne le sait, pas plus que le gouvernement qui, depuis cinq mois maintenant, met tout en oeuvre pour éviter la banqueroute budgétaire et la faillite des régimes sociaux.
Confinement oblige, rappelons que l’économie polynésienne a été durement éprouvée. Deux chiffres: la perte sèche pour le produit intérieur brut (PIB) cette année devrait avoisiner les 90 à 100 milliards de Fcfp. Au cours du premier semestre 2020, la Caisse de protection sociale (CPS) a perdu l’équivalent de 9000 « équivalent temps plein », soit 9000 cotisations en moins dans les caisses pour payer les retraites et les allocations diverses. Raison suffisante pour rouvrir au plus vite nos frontières, relancer le tourisme et plus généralement, remettre « tout le monde » au travail. Sans quoi la pirogue aurait déjà chaviré…
C’est dans ce contexte que le vice-président a donc coordonné les travaux interministériels conduisant à la réalisation d’un document de soixante-dix pages, regroupant pas moins de 216 mesures. Un plan « réalisable, pragmatique, finançable » baptisé « cap 2025 », quand bien même le gouvernement se projette bien au delà, jusqu’en 2030, voire 2040, pour tout ce qui relève des grands investissements structurants. Deux idées forces animent ce Plan de relance: d’une part, soutenir l’économie et l’emploi; d’autre part, renforcer la solidarité envers celles et ceux qui souffrent.
Tous les secteurs d’activité seront pris en compte et pas uniquement, ceux qui ont été directement impactés comme le tourisme ou la perliculture. Il s’agit en effet de trouver un « nouveau point d’équilibre », sans opposer l’économie à la santé, et vice-versa comme certains voudraient le faire croire.
Une chose est sûre, toutes ces mesures coûteront beaucoup d’argent! Avec les 28 milliards de prêts déjà garantis par l’Etat, la Polynésie française a retrouvé son niveau d’encours de 2014, autour de 100 milliards de Fcfp; un endettement désormais supportable grâce à la bonne notation confirmée par Standard and Poor’s, après des années d’assainissement de nos finances publiques. La collectivité dispose encore de réserves financières pour « tenir le choc », au moins jusqu’à la fin de l’année, et ses dirigeants pensent pouvoir compter sur la solidarité nationale pour renforcer ses interventions publiques, tant en fonctionnement qu’en investissement. Rien qu’en fonctionnement, sur les exercices 2020-2021, la dépense est évaluée à plus de 20 milliards de Fcfp.
Quelques-unes des mesures phare
En faveur de l’emploi, tout d’abord, un coup de pouce va être apporté en faveur du Diese et du Deseti, deux dispositifs qui viennent compléter les revenus perdus des salariés et autres travailleurs indépendants. Il est question également d’un remboursement des charges sociales des heures de Tutorat pour stagiaire en apprentissage.
Au titre du pouvoir d’achat des ménages, les agents de l’administration pourraient se voir octroyer trois jours de congés supplémentaires en échange d’un séjour de trois nuitées minimum dans les îles (billet d’avion et facture acquittée faisant foi).
Dans le domaine du logement social, on annonce une hausse de l’allocation pour les locataires OPH ayant perdu leur emploi.
L’énergie est également au coeur des préoccupations gouvernementale à travers la mise en oeuvre d’une « Plan énergie solaire » ou encore un soutien à l’équipement en véhicules électriques.
Dans le secteur perlicole, à l’ordre du jour: la création d’une centrale d’achat de perles Bas de Gamme en vue d’un reconditionnement et d’une valorisation en entreprises franches.
En investissement, l’objectif est d’atteindre une liquidation de 30 milliards de Fcfp sur cinq ans. Il s’agit ici d’aménager et d’équiper Tahiti et ses îles dans une approche durable et résiliente. Parmi les structures majeures, citons la construction du lycée général de Moorea, de l’aéroport de dégagement de Rangiroa, du Village olympique de Teahupoo, d’un Centre aquatique à Taunoa (Papeete) ainsi que du Terminal de croisières de Papeete. Les voies routières sont également privilégiées avec la Voie rapide du Sud, la fameuse Route des Coteaux ou encore de la Rocade de Taravao. Sans oublier naturellement le Centre culturel de Polynésie -ndlr: prévu à la place de l’ancien hôpital Jean Prince-, le lieu de mémoire des essais nucléaires etc.