Création d’une caisse de chômage: allons-y !
Quoiqu’on en dise, la situation n’a jamais été aussi propice à la mise en place d’un tel dispositif de soutien pour celles et ceux qui vont perdre leur emploi du fait des conséquences économiques liées à la Covid-19.
La caisse de chômage, c’est un vieux serpent de mer. Voilà des décennies que nos gouvernants ne veulent pas en entendre parler, de peur que cela ne favorise le « laissez-aller » des jeunes Polynésiens.
Pourtant, « notre Pays va rentrer dans un crise sans précédent qui aura pour conséquence la disparition de nombreux emplois (…) », reconnaissait la ministre du Tourisme et de l’Emploi, Nicole Bouteau, le 14 mai dernier à l’assemblée, en réponse à une question posée au gouvernement par la représentante (Tavini), Eliane Tevaahitua. Avant d’ajouter que le gouvernement d’Edouard Fritch était « favorable » à la création d’un tel « système contributif » tant il « joue un rôle d’amortisseur social et constitue un levier social important pour les personnes privées d’emploi ».
Une fois cette position arrêtée, encore faut-il que les partenaires sociaux adhèrent à l’idée et surtout, à la manière de financer un tel dispositif. A partir de quelles recettes ? A la charge seulement du Pays ? Où les salariés sont-ils disposés à mettre la main à la poche ? Autant de question qui, pour l’heure, sont sur la table.
Mais à lire les récentes déclarations faites par des responsables syndicaux et patronaux, on se dit que les mentalités évoluent.
Prenons le cas de Patrick Galenon, secrétaire général de la CSTP-FO, première organisation représentative des salariés, et par ailleurs président du CA de la Caisse de prévention sociale. Dans un entretien publié hier sur le site de Tahiti-Infos, l’intéressé chiffre à « 9300 le nombre d’emplois perdus en équivalent temps plein » du fait de la crise sanitaire, allant jusqu’à pronostiquer à terme la destruction de 15 à 20 000 emplois. Pour lui, c’est le moment ou jamais de créer « un fonds de chômage dans lequel les salariés, le patronat, le Pays et l’Etat participeraient », soulignant au passage que les mesures d’aide gouvernementales de type CAES, DIESE etc procèdent de la même intention.
Plus curieusement, même le chef de file du Médef, Frédérick Dock, fait un pas en ce sens. Toujours sur le site Tahiti-Infos, le même jour, le patron des patrons concède en effet que « la question de l’amortisseur social » figure parmi les « priorités de travail » de l’organisation professionnelle et que des propositions vont être faites « prochainement ». Tout en prenant soin de ne pas employer le terme de « caisse de chômage », il reconnaît néanmoins une évidence: « Il est difficile d’imaginer aujourd’hui qu’on ne puisse pas prévoir un amortisseur social au salarié qui aurait perdu involontairement son emploi ».