Date du 29 juin: « Quarante ans que notre population est déboussolée…. » dixit V. Crolas

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Petite phrase lâchée ce jeudi matin par la ministre de tutelle en commission législative de l’Emploi, pour mieux justifier la demande de suppression du 29 juin de la liste des jours fériés fixée par le code du travail.

La numéro 3 du gouvernement Brotherson dans l’ordre protocolaire aura quand même eu toutes les peines du monde à imposer le projet de loi du pays qui était soumis à l’approbation des membres, le Tapura huiraatira (parti autonomiste présidé par Edouard Fritch) se prononçant contre le texte.

Aux yeux de Mme Crolas, il s’agit en effet de tirer un trait (définitif ?) sur une date qui a été décidée par un seul homme, en l’occurrence l’ancien président Gaston Flosse, pour commémorer l’avènement du statut d’autonomie interne dans notre pays avec une première célébration programmée le 29 juin 1985. Par pure idéologie, le Tavini huiraatira met donc à exécution ce que son propre metua, Oscar Temaru, n’a pas réussi à faire entre 2004 et 2013, période durant laquelle il a exercé le pouvoir.

Mais dans cette affaire, le gouvernement Brotherson sait pertinemment qu’il marche sur des oeufs ! Il suffit de lire le rapport du texte pour deviner un certain malaise. Pour ne pas parler d’hypocrisie. Car d’un côté, on vante les mérites du matari’i nia, période d’abondance entre nature et culture polynésienne, avec des fortes retombées économiques attendues au travers d’événements à créer. De l’autre, on se garde bien de dire, ou plutôt d’écrire, que c’est bien la date du 29 juin qui dérange et qui, soit disant, « divise les Polynésiens ». Pour autant, les indépendantistes continueront de se rassembler pour fêter cette infamie à la stèle Tavararo de Faa’a, alors que les autonomistes continueront de se recueillir au monument dédié du parc Paofai.

En attendant, certains au Tavini huiraatira, à l’instar de Pauline Niva, ne se sont pas privés d’exprimer ouvertement leur désaccord. Principalement, sur la méthode. Car, si la date du 29 juin a été imposée, son retrait ne l’est pas moins par les nouveaux maîtres du pouvoir qui s’assoient délibérément sur les trois piliers du programme politique que sont le Fa’atura, le Fa’aora et le Fa’atupu. D’où la proposition de l’intéressée de conserver la date du 29 juin comme étant un moment marquant et incontestable de l’histoire de notre fenua. Même Tematai Legayic y a été de son couplet pour reconnaître que ce gouvernement aura déjà consacré « la moitié du mandat » pour parvenir à ce résultat et qu’il en faudra certainement autant pour dégager un consensus.

La sénatrice Lana Tetuanui, bien que non membre de la commission, s’est invitée au débat pour exhorter ses collègues à « prendre de la hauteur » sur ce dossier. Et de prédire que rien n’empêchera, demain, un nouveau changement de calendrier en cas d’arrivée au pouvoir d’une nouvelle majorité…Quant à sa collègue, Tepuaraurii Teriitahi, elle a simplement relevé que l’essentiel pour les Polynésiens, au final, c’est de conserver le même nombre de jours fériés durant lesquels ils peuvent s’adonner à leurs plaisirs favoris…

Autrement dit, l’examen de ce texte en plénière – avant ou après l’ouverture de la session administrative mi-avril ? – promet de belles joutes oratoires entre majorité et opposition.

 

 

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1 thought on “Date du 29 juin: « Quarante ans que notre population est déboussolée…. » dixit V. Crolas

  1. Avant le 29 juin 1880, les tahitiens étaient des sujets de la royauté sans aucun droits autres que le bon vouloir du monarque. Le 29 juin 1880, ils ont accédé à la citoyenneté avec tous les droits attachés. C’est une bonne raison pour garder cette date. Et si aujourd’hui le Tavini peut gouverner avec, contrairement à Tonga, un gouvernement démocratiquement élu, c’est grâce à cet acte fondateur.

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