Décolonisation: l’assemblée veut accélérer le mouvement
Par trente-huit voix « pour », les représentants de la majorité Tavini huiraatira ont officiellement apporté leur soutien à la création d’une nouvelle commission interne à l’assemblée de la Polynésie française, dénommée « Commission spéciale sur la décolonisation ».
C’est leur « dada » et désormais leur nouveau fond de commerce après le Nucléaire! Depuis une dizaine d’années déjà, le parti indépendantiste polynésien cherche une oreille attentive du côté de l’organisation des Nations-Unies à New York pour se séparer de la puissance administrante, à savoir l’Etat français. Le contexte politique n’a jamais été aussi favorable à une accélération du processus devant conduire à un référendum.
Aussi, sous l’impulsion du président de l’assemblée de la PF, Antony Géros – qui au passage a pris de vitesse du président du Pays, Moetai Brotherson – il est créé une nouvelle commission interne à l’institution; un nouvel espace de dialogue qui, si l’on en croit le rapport, vise à « permettre aux élus d’être mieux informés sur cette problématique et d’échanger avec des personnalités qualifiées et experts, y compris sur des sujets transversaux tels que l’éducation, la monnaie etc ».
Elle sera composée d’élus de la majorité et de la minorité, comme le souhaite la nouvelle majorité. Mais que ce soit le Tapura huiraatira ou les trois non-inscrits du mouvement A Here Ia Porinetia, un refus clair et net a déjà été exprimé.
Au nom du groupe Tapura, c’est le représentant-maire de Bora Bora, Gaston Tong Sang, qui a donné le ton: « Sur le fond, votre majorité souhaite que la Minorité, mais pas seulement…puisque les confessions religieuses et la société civile y auront également toute leur place, rejoigne le mouvement, pour ne pas dire vos idées, afin de pouvoir nous familiariser avec ce que vous appelez , les éléments de langage propres à la décolonisation. Le tout, s’inscrivant dans le cadre d’un processus référendaire à plus ou moins longue échéance. En fait, Monsieur le Président, vous et vos amis du Tavini huiraatira voulez faire en sorte que la décolonisation ne soit plus un mot tabu, si tant est qu’il l’ait été un jour, faisant ainsi le pari osé que plus on en parle, plus on l’envisage comme une alternative crédible et moins la population aura peur de rompren un jour avec la puissance administrante. Vous qui reprochez aux autonomistes d’avoir lavé le cerveau des Polynésiens quarante années durant, ne faites pas mieux! »
Autant dire tout de suite que le Tapura huiraatira n’entend pas s’associer à une telle mascarade, estimant que d’autres sujets tels que la lutte contre la vie chère ou la lutte contre la pauvreté sont plus urgents à traité.
Précisons que la création de cette nouvelle commission spéciale s’inscrit dans le cadre d’une nouvelle proposition de délibération tendant à modifier le règlement intérieur de l’assemblée.
Photo d’archives