Focus sur les « charges structurelles et obligatoires » qui pèsent sur le budget du Pays
Alors que le gouvernement Brotherson vient de rendre sa copie sur le prochain budget de la Polynésie française, arrêtons-nous un instant sur ce que l’on appelle « les charges structurelles et obligatoires » qui ne cessent d’augmenter ces dernières années…
Les « charges structurelles et obligatoires » occupent une part croissante et désormais significative des dépenses de fonctionnement de la collectivité.
Au prochain BP 2025, elles sont évaluées à 78, 353 milliards de fonctionnement, soit plus de 62% des dépenses totales de fonctionnement (126,147 milliards de Fcfp). Elles augmentent de 3 milliards de Fcfp dont la moitié liée au paiement des intérêts de la dette du Pays.
Ces charges englobent les dépenses de personnel de l’administration polynésienne, l’annuité de la dette, la dotation du Fonds intercommunal de péréquation (FIP) et enfin, celle des deux autres institutions que sont l’assemblée de la PF et le Cesec.
En l’espace de cinq ans (2020-2025), les premières sont passées de 30,535 à 34,859 milliards de Fcfp. Ne serait-ce qu’en 2024, « plusieurs mesures ont été mises en oeuvre pour les maîtriser », se défend l’actuelle équipe au pouvoir, tout en oubliant de reconnaître au passage que leurs prédécesseurs ont été contraints de recruter pendant l’épidémie de covid, notamment dans le domaine de la santé. Ce qui ne l’empêche pas d’ailleurs d’accroître au passage de 86 millions l’enveloppe destinée aux cabinets ministériels…Surcroît de travail ?
L’an prochain, l’assemblée et le Cesec se verront allouer la bagatelle de 2, 549 miliards de Fcfp pour fonctionner, contre seulement 1,468 milliard cinq ans plus tôt. Tarahoi empoche de loin le plus gros pactole. C’est en quelque sorte le prix à payer pour que vive la démocratie! Même si, en terme d’efficacité et de rendement productif, il y a encore beaucoup à faire.
L’annuité de la dette et donc son remboursement (capital et intérêts) a également fait un bond durant la période observée, passant de 11,616 à 17,3 milliards de Fcfp. Les raisons, on les connaît et il n’y a pas lieu de blâmer l’équipe précédente qui a dépensé sans compter pour maintenir à flot l’économie locale durant les deux années de covid.
Enfin, la dotation au FIP, assise sur les recettes de la collectivité, a profité de la bonne santé économique ambiante puisque les communes se verront doter de plus de 23 milliards en 2025 contre un peu plus de 18 milliards en 2020.
Seule crainte exprimée par celles et ceux qui tiennent les cordons de la bourse collective, c’est que « la stabilisation des recettes attendue dans les prochaines années va engendrer une rigidification croissante de ces charges ». Autrement dit, tôt ou tard, il faudra bien dégager de nouvelles sources de financement…