Formation des salariés du privé en métropole: ou la supposé « égalité des chances »…
La Confédération des petites et moyennes entreprises de Polynésie française (CPME), sous la plume de son président, Christophe Plee, vient de prendre connaissance des modifications de textes sur la continuité territoriale portées par la députée Maïna Sage. Celles-ci se sont vues modifier par amendement de suppression le lundi 2 septembre 2019.
Pour mémoire l’ensemble des partenaires sociaux avait demandé le soutien de la Ministre de l’Outre-mer pour faire bénéficier les salariés du secteur privé des formations métiers ou qualifiantes qui n’existent pas en Polynésie française. L’ensemble des mesures budgétées pour la prise en charge des passages aériens au nom de l’égalité et de la solidarité nationale avait été présenté à hauteur de 500 000 € à enveloppe fermée.
Les formations et coûts pédagogiques étant quant à eux, intégralement pris en charge par les entreprises et le Fonds Paritaire de Gestion de Polynésie française.
Les arguments qui ont étayé l’amendement de suppression, parlent d’un coût grotesque de 80 millions d’euros pour les DOM-TOM alors même que la demande initiale ne concernait que les COM et plus spécifiquement la Polynésie française, même si la mesure et le texte étaient proposés aussi pour la Nouvelle-Calédonie qui rencontre les mêmes problématiques d’offres de formations.
La position de l’État est totalement incompréhensible puisque l’ensemble des mesures relatives à la formation professionnelle et la continuité territoriale a fait l’objet d’un travail qui a duré trois ans, régulièrement présenté lors des rencontres économiques du Pacifique sud, organisées par le ministère des Outre-mer, en partenariat avec les services de l’État. Ces mesures ont été présentées, débattues et pour finir, soutenues par tous les acteurs. Il est donc pour le moins surprenant que l’État fasse volte-face dans un dossier qui pour un coût réduit de 500 000 € permettrait aux salariés Polynésiens d’être considérés comme n’importe quel salarié de la République.
L’amalgame des coûts pour les DOM alors même que ceux-là ne sont pas concernés par cette mesure spécifique aux territoires du Pacifique Sud, est proprement inadmissible. Les partenaires sociaux de Polynésie française qui travaillent sur ce projet, en prolongement d’un projet intra Polynésie de formation à distance par visioconférence, en partenariat avec le Ministre du Travail Polynésien, ne peuvent que déplorer l’ignorance de certains acteurs sur les spécificités de la Polynésie qui compte 270 000 habitants répartis sur un territoire grand comme l’Europe.
La commission mixte devra bien finir par comprendre les nombreuses difficultés qui résultent de l’éloignement de la Polynésie française, eu égard à son isolement et à l’immensité de son territoire. Alors, peut-être que l’égalité au sein de la République aura cessé de se cantonner aux frontières de la Métropole. De plus, il faut savoir que l’offre de formation en Polynésie française est bien différente et bien plus limitée dans
notre territoire et que la compétitivité des entreprises et notamment celle des TPE, est directement liée à la formation et la productivité des salariés.
Force est de constater que les coûts liés à une formation, dès lors qu’elle n’existe pas en Polynésie française, sont énormes pour les petites structures. Les partenaires sociaux dans un souci de dialogue et de clarté, avaient saisi la Ministre des Outre-mer ainsi que d’autres Ministres concernés par ce sujet, à travers un courrier expliquant les enjeux de cette demande. Cette démarche est malheureusement restée vaine puisqu’elle demeure à ce jour sans réponse. Les partenaires sociaux ne peuvent que déplorer cette situation alors que par cette démarche, ils participent auprès du Gouvernement de Polynésie française à accompagner la relance économique dont les derniers chiffres reflètent un certain regain. Les partenaires sociaux et plus particulièrement les TPE de Polynésie française auront beaucoup de mal à accepter ce positionnement de l’État qui foule aux pieds un principe qu’il a pourtant porté haut et fort…. La supposée « égalité des chances ».