Hausse du Smig: le CESEC veut aller plus loin qu’une revalorisation de 2%
Par trente-cinq voix »pour » et dix abstentions, le Conseil économique, social, environnemental et culturel (Cesec) a émis hier un avis favorable sur le projet d’arrêté en conseil des ministres portant relèvement du salaire horaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG) pour compter du 1er décembre 2021, rapporte l’institution.
« Soucieux de concrétiser une avancée issue du dialogue social entre le gouvernement et les organisations syndicales dans un contexte très particulier de grève générale et afin d’améliorer les revenus les plus modestes, le CESEC rend le présent avis dans un délai extrêmement court, à la demande expresse du Pays au regard de la proximité de la date d’effet de la mesure proposée », peut-on lire en introduction du communiqué.
Sur les conditions de revalorisation du SMIG, l’article 3322-1 du Code du travail et relatif aux salaires précise que le SMIG « est fixé par arrêté pris en conseil des ministres en fonction des fluctuations de l’indice des prix de détail à la consommation familiale, établi par l’Institut de la statistique de la Polynésie française ». Il peut être relevé de deux manières : lorsque l’indice des prix de détail à la consommation familiale « atteint un niveau correspondant à une hausse d’au moins 2 % par rapport à l’indice constaté lors de l’établissement du dernier SMIG » ;« indépendamment de la modalité précédente, par arrêté pris en conseil des ministres, après avis du Conseil économique, social, environnemental et culturel préalablement saisi par le gouvernement de la Polynésie française » en application de l’article LP 3322-4 du Code du travail.
Et d’indiquer au passage que le CESEC n’avait pas été consulté lors des revalorisations des 14 août 2008, 23 août 2011 et 1er octobre 2014. Cette dernière a porté le SMIG à 152.914 F CFP pour 169 heures de travail, soit un taux horaire de 904,82 F CFP. Ces revalorisations relevaient d’une mécanique liée à l’augmentation de l’indice des prix.
Pour autant, « toute nouvelle augmentation du SMIG, autre que celle décidée en application de l’évolution de l’indice des prix de détail à la consommation, doit donc être soumise à nouveau à l’institution pour avis, ce qui constitue l’objet de la présente saisine », souligne le communiqué.
Il s’agit ici de porter également le SMIG pour 169 heures de travail mensuel à 155 973 F CFP, soit un taux horaire de 922,92 F CFP correspondant à une augmentation de 2%.
La représentation des entrepreneurs et travailleurs indépendants du CESEC a tenu à rappeler que « l’augmentation du SMIG impacte en particulier les entreprises dont la charge salariale est très importante, avec une majorité de bas salaires (de 50 à 80 %) – les empêchant de développer au mieux leurs activités et pouvant pénaliser ainsi les créations d’emplois en raison de l’augmentation corrélative du coût du travail ; d’autant que cette augmentation ne se limite pas dans la pratique aux seuls salariés payés au SMIG mais peut se répercuter sur l’ensemble des bas salaires proches du SMIG (effet domino) et a donc un impact sur les entreprises bien supérieur à celui annoncé. En outre, l’augmentation du SMIG proposée par le Pays à 2% est prévue par un protocole de fin de conflit qui anticipe également 1% de plus en juillet puis 1% en décembre 2022. Néanmoins, ces revalorisations ne tiennent pas compte d’une possible réévaluation mécanique de 2% minimum en cas d’inflation forte pour l’année 2022, ce qui mettrait en danger certaines entreprises ».
La représentation des salariés, quant à elle, soutient sans réserve l’augmentation du SMIG comme une mesure incontournable pour compenser l’augmentation du coût de la vie. Elle craint également une possible répercussion sur les prix de cette revalorisation. Pour autant, elle considère celle proposée par le gouvernement comme une première étape nécessaire mais insuffisante. Elle souhaite que des concertations avec le patronat et le Pays soient programmées afin de traiter de la problématique générale de la réduction du pouvoir d’achat des Polynésiens, notamment à la suite de la crise économique engendrée par la crise sanitaire.
Malgré cette divergence de point de vue, l’ensemble des membres du CESEC, quelle que soit leur représentation s’accorde sur la nécessité d’assurer aux salariés dont les rémunérations sont les moins élevées, une amélioration de leurs revenus, le fait que les augmentations répétées du SMIG ne garantissent pas pour autant un niveau de vie acceptable, et demande que soit entreprise au plus vite une réflexion de fond pour réduire le coût de la vie et augmenter le pouvoir d’achat des ménages polynésiens, seule vraie solution durable pour l’avenir.
A partir du compte rendu du CESEC