Jeux du Pacifique 2027: que de temps perdu depuis 2023…

Suite au dernier communiqué du Tapura Huiraatira en réaction aux propos de la ministre des sports publiés sur Radio1 le 14 mars dernier, à savoir « Si on s’était occupé de ces Jeux avant qu’on arrive au gouvernement, on serait peut-être dans d’autres dispositions », le Tapura poursuit ses explications dans le communiqué qui suit en apportant un certain nombre d’éléments factuels.
Après les Jeux du Pacifique de 2019 à Samoa, le COPF et son président Louis Provost, avec la collaboration active de la ministre des Sports Christelle Lehartel, avaient activement lancé la préparation du dossier de candidature des Jeux de 2027. Dans ce dossier de candidature, figuraient les propositions de la Polynésie française, notamment, sur l’accueil des 24 pays participants et 4 500 athlètes attendus, des discipline sportives et des infrastructures envisagées.
Le dossier de candidature de la Polynésie française, porté par le COPF, a été soutenu unanimement par l’Assemblée de Polynésie française. Une résolution fut votée pour affirmer le soutien de tous les élus polynésiens, tous bords politiques confondus, à la candidature de Tahiti 2027. C’était un engagement fort et concret des institutions publiques polynésiennes qui démontre leur unité autour de ce projet.
Le 5 novembre 2021, la Polynésie française représentée par le président du COPF Louis Provost, le président Fritch et le ministre des sports Heremoana Maamaatuaiahutapu, était auditionnée, par visioconférence, par l’assemblée Olympique des Jeux du Pacifique « Pacific Game Council » (PGC), composée de 22 pays. Le PGC a voté favorablement et unanimement pour que la Polynésie française soit la terre d’accueil des Jeux du Pacifique 2027.
Dès l’obtention des Jeux en fin 2021, les services du Pays ont démarré les études de diagnostic et mené un état des lieux des équipements sportifs retenus, appartenant au Pays et aux clubs bâtisseurs, suivant le dossier de candidature.
Financement: plus de PGE…
Dès 2022, le Pays lance les premières études de maîtrise d’œuvre confiées à l’IJSPF sur les sites et infrastructures sportives envisagés. Le calendrier prévoyait, à partir de 2022, 2 ans d’études et 3 ans de travaux pour les équipements sportifs structurants. Beaucoup de réunions de concertation, sous la forme de conseils interministériels ou de rencontres avec le COPF se sont tenues, afin de bien déterminer le calendrier, les moyens financiers, humains et techniques nécessaires à la bonne tenue des Jeux et surtout à la préparation de nos athlètes polynésiens. D’ailleurs, dès 2019, pour montrer la volonté du Pays, celui-ci a pu lancer la construction du bâtiment dédié aux sports de combat sur le stade Punaruu. Notons que cette salle dédiée aux combats n’est toujours pas livrée à ce jour.
Dans le Plan de Relance 2021-2023 du Pays, figurent également des mesures pour le financement des Jeux, via le Prêt Garanti par l’Etat (PGE), en parallèle de l’accompagnement financier de l’Etat.
En mai 2023, lors de la passation des dossiers, le ministre sortant Naea Bennett avait remis à la ministre fraichement nommée, la liste des dossiers importants, dont celui des Jeux du Pacifique. Naea Bennett a bien informé la nouvelle ministre que les dossiers techniques étaient dans les services du Pays, IJSPF et Direction de la Jeunesse et des Sports.
En résumé, fin 2021, la Polynésie obtient les Jeux. En 2022, le Pays en concertation avec le COPF, lance les études sur les sites sportifs envisagés. En 2023, élection territoriale et passation des pouvoirs avec transmission des dossiers. Et puis, après mai 2023, nous savons que le Pays a pris la décision d’abandonner 6 milliards FCP du prêt garanti par l’Etat (PGE), et s’est retrouvé plusieurs mois après à devoir contracter un nouvel emprunt pour financer les investissements des Jeux. Près de deux années se sont écoulées inutilement….
Centre aquatique: 320 millions d’études en pure perte
Depuis la transmission des dossiers à la nouvelle ministre, les deux directions, celles de l’IJSPF et de la jeunesse et des Sports, ont été changées et certaines décisions du gouvernement ont entraîné des modifications notables. À titre d’exemple, la révision de la tour des juges des JO 2024, visant à s’approprier le travail de l’ancien gouvernement, a engendré un surcoût de 50 millions FCP, portant ainsi le budget de 500 millions FCP à 550 millions FCP pour une surface réduite. Dans cette ambiance, certains équipements sportifs ont été exclus du programme des Jeux du Pacifique 2027.
Parmi eux, le centre aquatique olympique, dont le coût avait été estimé en phase d’avant-projet détaillé (APD) à 5,850 milliards FCP par les experts, et non à 8 milliards FCP comme annoncé par la nouvelle ministre. Pourtant, le Pays et l’État avaient déjà investi 320 millions FCP dans les études, avec une participation respective à 50% chacun. De plus, le projet avait obtenu un permis de construire sur un terrain appartenant au CAMICA, mis à disposition de l’IJSPF par un bail emphytéotique de 99 ans pour un franc symbolique. Ce projet a été conçu en collaboration avec des experts et la Fédération Tahitienne de Natation afin de s’inscrire dans la durée, sur les cinq prochaines décennies, avec une conception écoresponsable grâce à l’utilisation des énergies renouvelables, une accessibilité optimale pour les personnes à mobilité réduite, ainsi que des infrastructures de haut niveau pour la pratique de la natation de compétition et de loisirs., ainsi que des espaces d’activités commerciales.
Le 6 septembre 2023, la ministre des sports, à l’occasion de la visite du président du Pacific Games Council, M. Lakham Vidhya, déclarait: “Le parc aquatique sur le terrain Aorai ne verra pas le jour ». L’option retenue par le gouvernement actuel semble être une piscine éphémère à Mamao, dont l’installation seule coûterait plus de 2 milliards FCP. Or, une fois ajoutés les coûts du démontage et de réinstallation dans une ou plusieurs commune encore inconnue, la facture finale pourrait atteindre, voire dépasser, le coût du centre aquatique olympique d’Aorai.
L’exemple de la piscine olympique illustre parfaitement les tergiversations et le temps perdu depuis 2023, sur l’ensemble des sujets liés aux Jeux du Pacifique 2027.
Ndlr: Les intertitres sont de la rédaction