La parole du jour: « Ici, c’est la Polynésie mais ici, c’est aussi la France ! »
Le 24 juillet 2021, le président de la République, Emmanuel Macron, en visite officielle en Polynésie française, faisait cette déclaration qui, dans le contexte actuel, prend un relief particulier. Explications.
En cette période d’entre deux tours des élections territoriales, cette piqure de rappel ne doit pas vraiment être du goût du Tavini huiraatira. Sauf à considérer qu’une telle affirmation ne peut que renforcer la volonté de ses militants purs et durs à couper la liens avec la mère-patrie
Après la diffusion dimanche soir sur TNTV d’un reportage sur l’importance de la stratégie Indo-Pacifique qui constitue un axe majeur pour la France, celle-ci cherchant à s’affirmer plus que jamais comme une « puissance d’équilibre dans la région », l’invité du jour, Moetai Brotherson, a eu tout le loisir de donner sa vision du monde. Avec, une fois de plus, une grande habilité diplomatique pour ménager la chèvre et le choux !
« Ca me rappelle malheureusement les essais nucléaires… » a t-il d’abord déclaré avec son sourire malicieux. « Mais qu’est ce qui va primer ? C’est la question qu’il faut se poser ! Est-ce que c’est la raison d’Etat ou l’intérêt des Polynésiens et de la Polynésie ? On ne veut pas être juste des pions sur le jeu d’échecs d’autres personnes. On veut être partie-prenante de la réflexion et avoir de bonnes relations avec l’ensemble des partenaires dans la région ». En somme, le possible futur président souverainiste du Pays entend discuter d’égale à égale avec les grandes nations du monde.
Pourtant, les petits états indépendants du Pacifique sont prévenus: « Malheur aux petits et aux isolés… » a encore prédit Emmanuel Macron dans son discours officiel à Papeete. Face aux appétits sans borne de la République populaire de Chine, prête à dépenser sans compter dans des infrastructures diverses et variées (aéroports etc…) pour obtenir des largesses, ne serait-ce que pour étendre sa zone de pêche hauturière, la Polynésie peut encore aujourd’hui compter sur la protection de la France.
Mais force est de constater que la géopolitique dans le Pacifique n’intéresse pas grand monde, qui plus est à la veille du deuxième tour des Territoriales. Au grand regret de la présidente du groupe Tapura à l’assemblée, Tepuaraurii Teriitahi, qui conduit la liste rouge-orange dans la deuxième section. « On a toujours tendance à croire en Polynésie qu’on est à l’abri de tout. Qu’on est protégés de tous les conflits internationaux. Alors qu’aujourd’hui ces conflits internationaux sont clairement aux portes de la Polynésie. C’est d’ailleurs pour ça que c’est d’autant plus important pour nous de rester au côté de la France ». a t’elle expliqué dernièrement dans une interview accordée à nos confrères de Tahiti-Infos.