La patate chaude d’ATN à plus de 3 milliards de Fcfp
Rien de nouveau dans le cockpit d’Air Tahiti Nui! Hormis le fait que la compagnie au tiare va se voir octroyer, aujourd’hui officiellement, une subvention d’équilibre de 3 milliards 193 millions de Fcfp de la part de son principal actionnaire, à savoir la Polynésie française.
Dans quelques heures, en effet, dans le cadre d’un nouveau collectif budgétaire du Pays présenté à l’assemblée, le Pays va encore une fois devoir sortir le chéquier. Après une séance d’informations et d’explications organisée en urgence vendredi, les élus de la majorité, le locataire du perchoir en tête, Antony Géros, se sont résolus à voter favorablement cette mesure. De là à dire qu’ils y vont gaiement…il y a des limites à ne pas dépasser!
« On ne pourra rien construire si l’on n’apure pas nos dettes… » a réaffirmé le nouveau commandant de bord, Philippe Marie. Ne serait-ce qu’en terme d’image vis-à-vis d’éventuels partenaires potentiels susceptibles d’aider la compagnie au tiare à redresser le nez. Pour autant, la direction d’ATN, pour l’heure, est dans l’incapacité de présenter sa stratégie de développement car boucher les trous…, c’est bien! Mais la Polynésie n’est pas prête à faire ça ad-vitam eternam.
Pour l’heure, Air Tahiti Nui poursuit donc son rythme de croisière. La route de l’Asie est maintenue. Mais pas d’extension au-delà du Japon depuis le temps que l’on parle de développer le marché chinois…Le Papeete-Seattle reste également actif; une route capitale pour transporter les croisiéristes. Tout comme son prolongement sur Paris, quand bien même le pari est risqué, concèdent les dirigeants. Aussi, tous les regards sont plus que jamais focalisés sur le Papeete-Los Angeles, qualifié de « poire d’abondance » qui, malheureusement, a fondu ces dernières années comme neige au soleil du fait d’une concurrence redoutable avec Air France, Delta et American airline. Mais la route serait encore rentable, selon nos informations, avec un coefficient de remplissage moyen de 65%. Ce qui n’est pas le cas de tout le monde.
Il s’agit aujourd’hui de contenir les pertes. En cinq ans, celles ci, cumulées, totalisent 22 milliards de Fcfp. Et dans cette perspective, le niveau des capitaux propres sera négatif de l’ordre de 527 millions de Fcfp à fin 2024. Mais que l’on se rassure, comme l’a indiqué le stratège de la compagnie, Mathieu Béchonnet, « ATN va légèrement mieux… »
Enfin, toujours sous l’angle financier, le Pdg-ex-banquier, dit travailler ardemment à un réaménagement de la dette structurelle de la compagnie qui, comme beaucoup d’autres, a été contrainte de contracter des PGE (Prêt garanti par l’Etat) durant la crise Covid. Mais ce que n’avait pas prévu ATN, c’était de devoir changer une partie de ses moteurs, sur indication du constructeur, avec à la clé une ardoise de plus de 600 millions de Fcfp.
Quant à savoir ce que pensent les autres « petits » actionnaires de cette situation…mystère et boule de gomme. A croire que finalement ça les arrange bien de voir la puissance publique avaler la patate chaude jusqu’à une prochaine indigestion.