La vision macronienne pour la Corse d' »autonomie dans la République »
par Paul Ortoli
Emmanuel Macron a défendu jeudi sa vision pour la Corse d’« autonomie dans la République » et tendu la main aux élus nationalistes, qui ont refusé d’assister à la dernière rencontre organisée autour du chef de l’Etat dans le cadre du « grand débat » visant à répondre à la crise des « Gilets jaunes ».
Cette longue rencontre des élus, dans le village de Cozzano (Corse-du-Sud), a pris une forte tonalité insulaire, en raison des tensions survenues ces derniers jours avec le président de l’exécutif corse, Gilles Simeoni.
Dans ce contexte, Emmanuel Macron s’est dit « volontaire, déterminé et ouvert » et soucieux de ne pas « tomber dans le piège de postures ».
« Les Corses ont besoin de solutions concrètes. Jamais un président n’avait accepté que la Corse entre dans la Constitution », a-t-il insisté.
« Il y aura la reconnaissance de cette spécificité dans un nouvel alinéa à l’article 72 qui permet des libertés. Adapter des normes dans le cadre de ses compétences, comment cela s’appelle ? L’autonomie dans la République », a-t-il ajouté.
Le chef de l’Etat a dit sa « surprise et sa tristesse que le rendez-vous n’ait pas été honoré » avec le président de l’exécutif corse tout en confirmant qu’il refusait la « convocation » devant l’assemblée de Corse, adressée par Gilles Simeoni en début de semaine.
Le climat de tension politique, nourri par une résurgence d’attentats à l’explosif non revendiqués depuis trois semaines, a atteint un point de crispation ce jeudi avec l’opération « isula morta » (île morte) décrétée par les élus nationalistes et une manifestation devant la préfecture d’Ajaccio.
Les nationalistes stigmatisent l’attitude d’Emmanuel Macron, en février 2018, lors du vingtième anniversaire de l’assassinat du préfet Erignac. Ils dénoncent les fouilles d’élus, des discours jugés accusatoires, la suppression du drapeau corse de la tribune présidentielle, des gestes vécus comme une « humiliation ».
« Il faut condamner les crimes »
Interpellé sur ce point par le maire de Pietrosella, Jean-Baptiste Luccioni (DVG), qui s’est dit « Corse, Français et Européen », Emmanuel Macron a clarifié sa position.
« J’ai toujours été constant : l’histoire entre la Corse et la République est faite de moments de tensions qu’il faut assumer », a-t-il dit.
« J’ai rendu hommage à Edmond Simeoni, qui a voulu tourner cette page de la violence, mais vous ne pouvez pas me reprocher de rendre hommage à un préfet qui a été assassiné. Ceux qui défendent l’identité corse doivent faire ce travail mémoriel », a-t-il ajouté. « Il faut aussi condamner les crimes qui ont été commis. Je suis pour qu’on avance et on ne pourra avancer qu’en gardant ce chemin de crête. »
Des élus ont critiqué l’absence de Gilles Simeoni. « Gilles Simeoni a commis une erreur en n’allant pas à Paris et une faute en ne venant pas aujourd’hui », a dit Jean-Charles Orsucci, président du groupe apparenté La République en marche à l’assemblée de Corse.
« Les absents ont toujours tort », a estimé pour sa part la présidente des maires de Corse-du-Sud, Joselyne Mattei-Fazi (Les Républicains).
Emmanuel Macron a dit réfléchir à la constitution d’une « conférence des maires, qui pourrait se tenir en premier lieu sur l’urbanisme, avec le président de l’exécutif et les services de l’Etat ».
Joselyne Mattei-Fazi a demandé la création d’une zone de montagne défiscalisée, soulignant que « nous sommes la région la plus pauvre de France avec un PIB de 8 milliards d’euros », tandis que de nombreux maires ont évoqué les problématiques liées à la ruralité.
Source: Yahoo actualités