L’autonomie est morte, vive l’Etat souverain associé à la France !
Ce projet d’évolution institutionnelle de la Polynésie française sera le thème central des prochaines campagnes électorales menées par le Amuitahiraa o te nunaa maohi.
Ne parlez plus du Tahoeraa huiraatira. Mais plutôt du Amuitahiraa o te nunaa maohi, la nouvelle bannière portée fièrement par Gaston Flosse. Ce nouveau nom, déjà approuvé par les instances dirigeantes, sera officialisé lors du congrès fondateur du mouvement arrêté à la date du 29 janvier. Les cinq cent militants et responsables attendus, effectif maximum autorisé pour cause d’épidémie de covid, devront également adhérer à la nouvelle ligne politique défendue par le « vieux lion ». Seule la couleur orange, celle du fei, restera de mise.
A 90 ans, « la tête bien sur les épaules », comme il dit, Gaston Flosse a de la suite dans les idées. Mais n’allez surtout pas dire qu’il a changé son fusil d’épaule…non, sa réflexion est beaucoup plus subtile. Partant du constat que l’autonomie interne (celle de 2004) a atteint ses limites, surtout la « version coloniale » de Macron qui n’a plus rien à voir…, parler de souveraineté est dans la « suite logique ». Mais à la différence de son meilleur ennemi, Oscar Temaru, lui y ajoute la notion d’association avec la France. Et pour cause, Gaston Flosse a beau être revanchard vis-à-vis de la mère Patrie, il n’en reste pas moins lucide quant à la vulnérabilité de notre archipel perdu au beau milieu de l’océan Pacifique.
Tout au long de sa semi-retraite qui l’a éloigné de la scène politique depuis 2014, l’ancien président du Pays a eu le temps de méditer sur ce que pourrait être « son » futur Etat souverain associé à la France. Un cadre dans lequel la puissance administrante continuerait de jouer son rôle en matière de Sécurité intérieur (police, gendarmerie), dans l’enseignement supérieur…mais cette fois-ci, sous le contrôle de l’Etat souverain. La France serait également sollicitée pour maintenir des financements à un niveau élevé, dont le montant est estimé à 118 milliards de Fcfp. Et cerise sur la gâteau, le président sera élu au suffrage universel. Pour tous les autres détails du futur contrat d’association, G. Flosse plaide pour des négociations apaisées « dans le respect » mutuel. Et tant pis si la France refuse cette évolution institutionnelle, « nous irons rencontrer d’autres nations », renchérit le leader politique. Naturellement, le projet de création d’un Etat souverain sera soumis à la sanction des Polynésiens par voie de référendum. Mais pas avant 2026-2027.
Mais comme à son habitude, le « vieux lion » voit loin. Trop loin, peut-être ? Car, auparavant, il lui faudra détenir les manettes du pouvoir. C’est à dire, compter sur « au moins deux députés » sur trois élus en juin 2022, puis surtout obtenir la majorité des sièges à l’assemblée lors des élections territoriales de mai 2023. Quand bien même ses divergences de vue restent profondes avec son homologue du Tavini huiraatira, une alliance avec les indépendantistes suffirait à l’emporter, affirme t-il, chiffres à l’appui.
En attendant, cap sur les Législatives qui constituent le premier obstacle à franchir. Gaston Flosse sera candidat dans la 1ère circonscription (Papeete, Pirae, Arue…) avec comme suppléante, Lydia Nouveau. Sauf si la justice (cour de Cassation) le rattrape entre temps; rendez-vous le 12 janvier. A ses côtés, sans surprise, Jonathan Tahiraa, maire délégué de Vairao et Tauhiti Nena, seront en lice dans les circonscriptions 2 et 3. En revanche, le Amuitahiraa o te nunaa maohi n’a pas encore arrêté son choix pour les Présidentielles. Soutenir la réélection de Macron, impossible! Pécresse (Les Républicains), peu probable…Mélenchon (France insoumise? « il ne connaît rien à l’outre-mer », avoue Gaston Flosse malgré des sollicitations. Suspens donc.
Photo d’archives