Le Japon a un nouvel empereur
Naruhito, fils aîné du souverain Akihito, est devenu le 126e empereur du Japon, ouvrant une nouvelle ère baptisée Reiwa (belle harmonie).
Son père avait conclu mardi les cérémonies d’abdication après trente ans de règne, cédant ainsi de son vivant le trône du Chrysanthème, une première au Japon depuis plus de deux siècles.
Le moment est historique – un congé exceptionnel de dix jours a été décrété pour l’occasion – mais le changement de souverain s’est fait sans fanfare, derrière les portes closes du palais. Aux abords de ce haut-lieu très protégé du centre de Tokyo, où la présence policière a été renforcée, aucun rassemblement n’est venu ponctuer à minuit l’avènement de Reiwa.
« Ere paisible »
Quelques Japonais cependant avaient fait le déplacement, bravant la pluie, pour immortaliser le changement d’ère.
Parmi eux, Miyuki Sakai, 45 ans, est venue spécialement d’Osaka (ouest) avec sa famille pour rendre hommage à Akihito. « Pendant l’ère Heisei, j’ai eu mon diplôme, je me suis mariée, j’ai eu trois filles, donc je voulais remercier l’empereur », confie-t-elle à l’AFP, s’inclinant plusieurs fois en signe de gratitude.
Et de prendre la direction de la tour Tokyo SkyTree, la plus haute de la mégapole japonaise, pour assister à un compte à rebours.
Dans les quartiers festifs de la capitale (Shibuya, Shinjuku), des bars se sont joints à la célébration, émaillée de rares échauffourées entre nationalistes et militants d’extrême gauche, tandis qu’à Gifu (centre du pays), des habitants en kimono comptaient danser au bout de la nuit.
Des objets commémoratifs spéciaux ont été mis en vente depuis un mois et les grandes boutiques proposent des soldes Heisei/Reiwa.
Des couples avaient quant à eux choisi de se marier en cette nuit spéciale où les caméras de télévision se penchent sur les berceaux des derniers bébés de Heisei et des premiers de Reiwa.
Après une ère impériale précédente marquée par de nombreuses catastrophes naturelles, du séisme de Kobe en 1995 au tsunami du nord-est en mars 2011, et par l’éclatement de la bulle financière et immobilière, nombreux sont ceux qui espèrent que Reiwa soit « plus sûre, plus calme ».
« Que Reiwa soit une ère où tout le monde puisse vivre heureux. Pour ma part, je suis salarié et j’aimerais que s’ouvre une nouvelle période où l’on profite mieux de la vie », souligne Takashi Imamura, 35 ans.
Minami Yoshida, étudiante de 22 ans, souhaite elle aussi « une ère paisible et joyeuse ».
« Gratitude »
Dans l’après-midi de mardi, Akihito, 85 ans, avait clos son règne par une courte cérémonie d’à peine dix minutes.
Vêtu d’un costume queue-de-pie, il a prononcé un court discours : « j’exprime du fond du coeur ma gratitude au peuple du Japon qui m’a accepté comme symbole de l’Etat et m’a soutenu », a-t-il lu, reprenant la définition de son rôle inscrite dans la Constitution entrée en vigueur en 1947 et par laquelle l’empereur a perdu son statut semi-divin.
Moments touchants, il a offert sa main à son épouse depuis 60 ans, Michiko, alors qu’elle descendait de la tribune, et s’est immobilisé un instant, posant sur l’assistance un regard poignant, avant de quitter la salle en se courbant devant les 300 invités présents.
Contrairement à 1989 (mort de Hirohito, aussi appelé empereur Showa), 1926 (mort de l’empereur Taisho) ou 1912 (mort de l’empereur Meiji), le passage d’Akihito à Naruhito découle d’une loi d’exception écrite sur mesure.
Le premier avait subtilement exprimé en août 2016 son souhait d’être déchargé de sa tâche, qu’il ne pourrait plus « exercer corps et âme » en raison de son âge et d’une santé sur le déclin.
Source: Yahoo actualités