Le Pays en pleine opulence mais rien contre la cherté de la vie
Quand on dit que ce gouvernement n’a pas de boussole économique, la preuve est donnée tous les jours et le nouveau ministre en charge des Finances du Pays, Warren Dexter, n’en est pas à une contradiction près! Explications.
Lundi matin, à l’assemblée, dans le cadre de l’examen du rapport d’orientations budgétaires, le président du groupe Tapura huiraatira, Edouard Fritch, a fait un constat accablant contre l’actuelle majorité: « Dix-huit mois se sont écoulés depuis votre accession au pouvoir et la lutte contre la cherté de la vie n’a toujours pas franchi le stade de la promesse électorale ». Il n’est d’ailleurs pas le seul à le dire puisque même dans les rangs du Tavini, certaines voix s’élèvent pour dire que rien n’avance…
Quelques heures plus tard, sur le plateau de Polynésie 1ère, le ministre de tutelle, Warren Dexter, ancien conseiller technique de l’ancien ministre limogé, Tevaiti Pomare, a tenté de justifier son action pour soutenir l’activité. Et de confirmer pour 2025, dans l’immobilier et l’accession au logement, la mise en place d’un taux à zéro %, une baisse substantielle des droits de mutation ainsi qu’une enveloppe de 7,7 milliards pour le logement social. Tout au moins pour celles et ceux qui peuvent encore s’offrir le luxe d’acheter une maison ou un appartement…
Interrogé sur le sujet récurrent de la cherté de la vie, Warren Dexter ne sera pas un faiseur de miracles! Il ne s’en est jamais caché en reconnaissant que « les marges de manoeuvre sont extrêmement réduites ». Mais il va faire ce qu’il peut!
Pas besoin d’argent pour la PSG…
Dans cette perspective, son ministère travaille à la mise en place « d’accords de modération » avec les distributeurs pour que ces derniers acceptent de limiter leurs marges en contrepartie d’une disparition progressive des produits de première nécessité (PPN) qui frappent déjà 10 à 20% des articles dans les magasins. Cette « chansonnette », on l’a déjà entendu…Déjà, en juillet 2023, après l’annonce du retrait de la TVA sociale, effective en octobre, le président Brotherson avait indiqué: « Le Pays fait sa part, nous attendons que les distributeurs fassent la leur!… » Mais rien n’a vraiment changé pour le panier de la ménagère.
Mais que les « petits » se rassurent: le gouvernement Brotherson promet l’entrée en vigueur, sans cesse reportée, de sa carte « Fa’atupu »; sorte de nouveau moyens de paiement réservé à eux seuls pour faire leurs courses à moindre frais. Sauf que cette aide au pouvoir d’achat pourrait également être étendu à la classe moyenne « jusqu’à 5 à 6 smig » comme l’a expliqué le ministre. Un moyen comme un autre de ratisser large. Avec quel effet ?
En attendant, le pays n’a pas de problèmes d’argent ! Les recettes fiscales sont au top, pour ne pas dire « exceptionnelles », selon Warren Dexter. Du coup, remettre la TVA sociale comme le réclament certains patrons ? « Pas besoin en 2025 pour financer la PSG, peut-être en 2026… », répond le MEF avec une grande assurance. Son collègue de la Santé appréciera, lui qui veut remettre les RNS (Régime des non-salariés) dans le droit chemin de la cotisation. Tout comme un réajustement de la CST (Contribution sociale territoriale, sorte d’impôt sur le revenu local) n’est plus à l’ordre du jour. Pourtant, là encore, ce gouvernement nage en pleine contradiction. En août 2023, cette piste avait bien été envisagée afin que « ceux qui gagnent beaucoup d’argent, cotisent plus ». C’était sans compter sur le véto affichée par le président de l’APF, Antony Géros.
En conclusion, le ministre se refuse à toute nouvelle taxation « sur la consommation qui frappe les riches comme les pauvres de la même manière ». A une exception près, et elle est de taille si l’on peut dire. Dans quelques semaines, lors de la présentation du budget primitif 2025, les gros, obèses, diabétiques et autres insuffisants rénaux ne feront pas l’objet de la même bienveillance fiscale puisque Warren Dexter a déjà dit qu’il n’aura aucun problème à surtaxer les produits trop sucrés, et accessoirement trop gras et trop salés. Question de principe, hormis toute question d’argent.