Le président Brotherson dévoile sa « Dream Team »

C’est l’acte 3 du Taui (changement en reo Tahiti): le nouveau président de la Polynésie française, Moetai Brotherson, a dévoilé ce lundi matin les membres de son gouvernement composé de six hommes et quatre femmes seulement.

Avec Eliane Tevaahitua, sa vice-présidente, Vannina Crolas, Minarii Galenon, Tevaiti-Ariipaia Pomare, Taivini Teai, Ronny Teriipaia, Cédric Mercadal, Nahema Temarii et Jordan Chan, le benjamin de cette « Dream Team », le nouveau chef de l’exécutif polynésien va devoir à présent se retrousser les manches pour répondre aux aspirations d’une partie de la population polynésienne.  Et ils ont du pain sur la planche !…

A l’issue de cette présentation officielle organisée en présence des représentants Tavini à l’assemblée et de quelques chefs de service, le gouvernement s’est réuni pour un premier pré-conseil afin « d’arbitrer certaines décisions » prises par l’ancienne équipe mais aussi, en vue d’un déplacement en urgence à Teahupoo (commune de la presqu’île de Tahiti) frappée dernièrement par de graves intempéries.

« L’ouverture, elle est là ! » a affirmé le président du Pays, même si les propositions faites à certains ténors de « l’opposition », allusion faite à Nuihau Laurey, l’un des chefs de file de A Here Ia Porinetia (AHIP) n’ont pas été couronnées de succès. Tout juste Moetai Brotherson s’est-il contenté d’inclure quelqu’un de la Société civile, à savoir: Cédric Mercadal issu de la CPS et qui donc, se voit confier la Santé, la Prévention et la Protection sociale généralisée (PSG) dont les financements, on le sait, sont au coeur de toutes les préoccupations. Quant à la parité Homme-Femme, elle n’est pas respectée, contrairement à l’engagement pris par le président durant la campagne électorale. Bien malgré lui, a t-il précisé, puisque les femmes « ont généralement beaucoup de choses à faire », avec de multiples occupations, qui ont contraint certaines à se désister.

Mais ils seront jugés « sur le travail » a promis le chef de l’exécutif local. Et sur aucun autre critère…, tant ils ont déjà satisfait à un certain nombre d’exigences au moment de leur recrutement comme « la volonté de s’engager, les compétences, l’adhésion au programme du Tavini, sans oublier l’humilité et la bienveillance » envers autrui. Aussi, il ne leur reste plus qu’à passer de la théorie aux actes.

« Le monde de l’invisible »

S’agissant de la répartition des portefeuilles, force est de constater une charge inégale de travail.

Moetai Brotherson récupère non seulement le Tourisme – comme son prédécesseur – mais il se réserve également le Développement des archipels et le dossier o combien stratégique des Conséquences des essais nucléaires qui, comme chacun le sait, est dans l’ADN du Tavini huiraatira. A ses côtés, une nouvelle déléguée interministérielle représentant « le monde de l’invisible » a été désignée en la personne de Nathalie Salmon-Hudry, une jeune polynésienne tétraplégique qui force le respect. Précisons quand même que la condition des handicapés a fait l’objet de toutes les attentions sous le précédent gouvernement, ce qui a été maintes fois souligné par la présidente de la fédération, Henriette Kamia.

Autre ministère important, quatrième dans l’ordre protocolaire, celui occupé par Minarii Galenon, cumulant les Solidarités, le Logement, la Famille et les personnes non autonomes.

Sans surprise puisque son nom avait été prononcé entre les deux tour des Territoriales, Eliane Tevaahitua aura en charge la Culture, l’Artisanat, l’Environnement, le Foncier, l’Enseignement supérieur ainsi que les Relations avec les institutions. Et puis, elle a reçu pour mission de rédiger une Charte de déontologie des membres du gouvernement sur la base d’une trentaine de préceptes de Tetuna’e. Un guide de bonne conduite, en quelque sorte, qui peut se résumer en ces termes: « Ce n’est pas parce que tu es à la proue du navire que tu dois faire n’importe quoi et te servir en premier ».

Le ministre des Finances, 5ème seulement dans l’ordre protocolaire

Autre personnage-clé du Tavini huiraatira, Vannina Crolas, dont la démission en tant que secrétaire générale avait fait grand bruit il y a quelques semaines. Elle hérite de la Fonction publique, de l’Emploi, du Travail, de la Modernisation de l’administration et de la Formation professionnelle. Vaste chantier, en effet.

En revanche, le nouveau ministre de l’Economie, du Budget et des Finances, en charge des Energies, n’arrive qu’en cinquième position dans l’ordre protocolaire. Son domaine d’intervention est pourtant essentiel dans le bon fonctionnement de notre collectivité tant il devra faire face à de nombreux défis comme la poursuite du Plan de relance ou encore le remboursement, étalé dans le temps, des deux PGE (Prêt garanti par l’Etat) contractés par le Pays durant la crise Covid.

Enfin, le président Brotherson a choisi des novices, en politique du moins, pour insuffler un vent nouveau dans l’Education (Ronny Teriipaia), le secteur Primaire (Taivini Teai, chercheur à l’UPF, spécialiste de la vanille) ou encore dans les Sports-Jeunesse et Prévention de la délinquance, avec la nomination de Nahema Temarii, nom bien connu dans le monde du football. Quant à Jordy Chan, il a été débauché du Port autonome de Papeete pour coiffer l’Equipement, les Grands travaux ainsi que les Transports aériens, terrestres et maritimes. De lourdes responsabilités en perspective et de réelles attentes pour les professionnels des secteur concernés.