21 novembre 2024

L’ENA, bouc-émissaire de la crise des gilets jaunes ?

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Emmanuel Macron est favorable à un changement de « la formation, la sélection, les carrières en supprimant l’ENA et plusieurs autres structures ». 

C’est ce qu’il aurait dû annoncer, dans le discours initialement prévu lundi 15 avril – allocution reportée à cause de l’incendie de Notre-Dame de Paris – et que franceinfo s’est procuré.

« Nous avons besoin d’une élite, de décideurs », estime le chef de l’État, qui souhaite qu’on donne « à tous nos jeunes leurs chances en fonction uniquement de leur mérite et pas de leur origine sociale ou familiale », selon le document. Un jugement qui, s’il est confirmé par le président, heurte Daniel Keller, président de l’association des anciens élèves de l’ENA.

franceinfo : comment réagissez-vous à cette possible suppression de l’ENA ?

Daniel Keller : D’abord, ce choix mériterait d’être confirmé par le président de la République lui-même, donc je crois qu’il ne faut pas paniquer face à une telle annonce. Mais l’ENA ne doit pas être le bouc émissaire de la crise sociale et politique que la France connaît. Je crois surtout que l’ENA est une école en pleine transformation. C’est le challenge qu’a relevé le nouveau directeur de l’ENA, Patrick Gérard, qui est en fonction depuis un an et on ne doit pas sous-estimer les efforts qui sont les siens pour justement forger l’ENA dont la République a besoin.

Comprenez-vous que l’école puisse quand même susciter la controverse ?

L’ENA est une école qui, tout au long de son histoire, a été l’objet de jugements controversés. Mais l’ENA, c’est 10 000 anciens élèves, 6 000 en France, plus de 3 500 élèves étrangers un peu partout dans le monde. C’est une fierté nationale. Qu’elle doive s’adapter, qu’elle doive évoluer, personne ne le conteste. Je crois qu’on aura de toute façon besoin d’une école des hauts fonctionnaires de demain.

Supprimer l’ENA, est-ce mettre fin à un décalage entre les élites de la fonction publique et le reste de la société ?

L’ENA ne peut pas porter tous les effets pervers du système éducatif français. Que le système éducatif soit un système qui reste basé sur une forme de reproduction sociale, c’est un fait, mais ça commence à l’école maternelle. Ça ne se traite pas au niveau de l’ENA. L’ENA prend sa part. Il y a des classes de préparation intégrée aujourd’hui dans lesquelles on trouve des jeunes des banlieues difficiles, de ces territoires que la République a malheureusement abandonné. Donc l’ENA prend sa part dans la lutte contre les inégalités sociales et je crois que ça mérite d’être reconnu.

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