Madagascar: trois femmes meurent chaque jour des suites d’un avortement
C’est un fléau qui décime des milliers de femmes et leurs fœtus depuis des années dans la Grande Ile.
« Spontané ou provoqué », l’avortement est illégal à Madagascar, y compris en cas de viol. Il est passible de dix ans de prison.
Pourtant, ceux ou celles qui la pratiquent ont pignon sur rue. Trouver un spécialiste de l’avortement est plus facile que de trouver une bonne clinique pour accoucher, écrit La Gazette de la Grande Ile.
« Il suffit de demander dans la rue et on vous montrera l’adresse où un médecin, un infirmier, une sage-femme, un aide-soignant, un pharmacien ou même un concierge d’hôpital pratique l’avortement, souvent dans un atelier sombre, sale, infesté de parasites et mal aéré », s’indigne le journal malgache qui constate que la découverte de corps d’enfants dans les bacs ou dans les canaux n’est plus un scoop.
« Il criait lorsque je l’ai mis dans un sac en plastique »
Selon l’association Niffin’Akanga, une ONG malgache qui défend la légalisation de l’avortement, les femmes qui y recourent pratiquent en moyenne entre deux et huit avortements dans leur vie et sont issues de tous les milieux sociaux. C’est le cas de cette mère de famille qui a accepté de se confier, sous couvert de l’anonymat, à un journaliste de l’AFP.
Elle a conduit notre confrère sur un bout de terre dont elle garde le secret.
« Lorsque je fais le compte, il y a environ huit fœtus enterrés ici ainsi qu’un bébé né à sept mois de grossesse. Il criait lorsque je l’ai mis dans un sac plastique », soupire cette mère démunie. Avec six enfants à charge et un mari alcoolique, elle n’envisage qu’une seule décision en cas de nouvelle grossesse : y mettre fin.
Dans ce pays pauvre de 26 millions d’habitants, trois femmes meurent chaque jour des suites d’un « avortement spontané ou provoqué », selon l’antenne locale de l’association britannique Marie Stopes qui s’occupe de la planification familiale. Elle prend en charge 20 000 victimes de complications, qui sont hospitalisées chaque année, souvent trop tard. La majorité de celles qui survivent ont entre 15 et 25 ans. Bon nombre d’entre elles ne peuvent plus avoir d’enfants.
Source: Yahoo actualités