Ne l’appelez plus « Polynésie française » mais « ma’ohi nui »
Dans l’art de la provocation stérile, le président de l’assemblée de la Polynésie française, Antony Géros, n’a de cesse de nous balancer le même discours dans sa quête d’émancipation de notre petite collectivité d’outre-mer du Pacifique.
Comme il est de tradition, à chaque ouverture de la session administrative de la troisième institution, l’actuel locataire du « perchoir » suivi du président du Pays se succèdent à la tribune pour présenter aux représentants élus leurs orientations, leur stratégie et accessoirement le bilan de leurs actions au bout de presque un an de nouvelle gouvernance.
Si Moetai Brotherson s’est une nouvelle fois distingué en improvisant une allocution dont la brièveté (12 minutes très exactement) restera dans les annales de la vie politique polynésienne, en revanche, Antony Géros ne s’est pas privé de délivrer quelques messages subliminaux dont lui seul a le secret.
Aux « élus hyperactifs » de sa majorité Tavini, tellement dynamiques qu’ils ont déjà tenu treize réunions d’informations (la vie des cétacés etc) de janvier au 11 avril 2024, alors même que le gouvernement tarde pour sa part à alimenter la machine législative, le président de l’APF soutient à qui veut bien l’entendre que nous sommes sur le bon chemin pour que, demain, la Polynésie indépendante soit rebaptisée « ma’ohi nui ».
Durant son discours, en effet, le nom « ma’ohi nui » a été prononcé pas moins de treize fois. Histoire d’entretenir la flamme des militants indépendantistes… Même si pour l’heure, le haut-commissaire qu’il a vivement remercié au passage – d’autant plus après sa récente visite de la commune de Paea dont il est le maire – conserve son titre solidement ancré à la République en Polynésie française.
Il faut dire que depuis la création de la toute nouvelle « commission spéciale de la décolonisation » – un nouveau machin pour faire genre devant l’ONU- Antony Géros se pose délibérément en expert des éléments de langage susceptibles d’apparaître des plus crédibles auprès des instances onusiennes.
Mais le simple fait de renier la Polynésie française au profit de « ma’ohi nui » suffira t-il à restaurer la grandeur du fenua ? Ce changement de nom permettra t-il aux Polynésiens de vivre mieux et surtout, d’être plus heureux ? Chacun appréciera mais en attendant, Géros et Brotherson rivalisent sur un point: celui de brasser de l’air et de perdre leur temps sur des sujets qui n’intéressent guère la majorité de leurs concitoyens.
Photo: assemblée