Quand Patrick Galenon fait sa « révolution sociale »…
Le patron de la première organisation syndicale de salariés (CSTP-FO) qui n’a jamais caché sa « proximité » avec les indépendantistes polynésiens attend d’eux aujourd’hui qu’ils donnent du sens à ce que Patrick Galenon appelle la « révolution sociale ».
Depuis la victoire du Tavini huiraatira aux élections territoriales de dimanche dernier, Patrick Galenon court sur tous les plateaux de radio-télévision pour confier son analyse du scrutin.
A ses yeux, en effet, si la perspective d’une indépendance à moyen ou long terme n’a séduit que 44% des électeurs polynésiens, il n’en reste pas moins que cette élection s’est traduit par « un rejet de l’ancien gouvernement » et de « ses méthodes ». Au motif principalement, qu’au niveau social, notre pays serait « en grande souffrance ».
Il n’en faut pas davantage pour que le syndicaliste trouve le prétexte de repartir en guerre contre les patrons accusés de « manipuler les chiffrer »! « Je ne les comprends pas. Il y a quelques semaines, tout était parfait, l’économie a repris…et tout d’un coup, les patrons sont aux abois et crient aux loups », a t-il répété le 3 mai dernier sur les antennes de Polynésie 1ère Radio. Et d’affirmer avec détermination : « Il faut redistribuer correctement les richesses dans ce pays car elles ne sont pas bien réparties ».
Voici en tous cas ce qu’il attend du futur gouvernement très probablement présidé par Moetai Brotherson, tout en concédant avec prudence que « peut-être on attend trop du Tavini »…
Son principal cheval de bataille ? La cherté du coût de la vie qui, à l’en croire, a pour principale cause: des marges excessives pratiquées par certains commerçants accusés de s’être « gavés pendant la crise covid ». En revanche, Patrick Galenon continue de soutenir, comme le gouvernement Fritch, que la « TVA sociale » n’est pas l’élément déclencheur et aggravant de l’inflation galopante qui a cours en Polynésie française.
Et de prendre pour seul exemple l’évolution du prix de la boite de « punu puaa toro » (viande en conserve), made in New Zealand, que les Polynésiens affectionnent. En décembre 2021, son prix affichait 435 Fcfp contre 635 Fcfp en mars 2022, soit une envolée de 35%. Un mois avant l’instauration de la taxe tant contestée durant la campagne électorale. Une taxe, rappelons-le, dont le produit (environ 9 milliards de Fcfp par an) a été intégralement reversé au profit de la Protection sociale généralisée (PSG) que gère en partie le même Patrick Galenon en sa qualité de président du CA de la CPS, même si celui-ci reproche dans un même temps au gouvernement Fritch de ne pas avoir suffisamment « corrigé » les commerçants qui se sont gavés ».
En résumé, Patrick Galenon attend du futur gouvernement qu’il aille chercher de l’argent dans la poche des « nantis » de ce pays. Et non dans celle des plus petits… La dite ponction pourrait alors se faire au travers d’une réforme de la fiscalité. Au détriment de qui: des entreprises ? Des salariés ? Des gros salaires ? Il est notamment question de revoir les taux et les différentes tranches de la CST, la contribution sociale territoriale. Mais là où le syndicaliste se trouve en porte-à-faux dans son discours, c’est qu’il a déjà fixé une ligne rouge! « Pas touche aux fonctionnaires » a t-il déjà déclaré alors qu’il est déjà question de demander aux 4000 agents de l’Etat de cotiser (pour la maladie uniquement) à la Caisse de prévoyance sociale et non plus à la Sécurité sociale comme c’est le cas actuellement.
Enfin, le patron de la CSTP-FO sera bien inspiré de rappeler au successeur d’Edouard Fritch l’engagement pris, il y a un an et demi, pour la création d’un « Fonds d’indemnisation pour celles et ceux qui ont été privés involontairement de leur emploi ». Autrement dit, une caisse de chômage. Et quelques centaines de millions, voire milliards de Fcfp, à trouver …
Stéphane Antonin