Retour au fenua de Matani Kainuku: les choses sont pourtant claires !
Depuis vingt-quatre heures déjà, la presse et les réseaux sociaux se déchaînent à propos de la situation administrative du nouvel inspecteur de l’Education nationale. Pourtant, les choses sont claires !
S’il est un sujet polémique dans nos îles, c’est bien celui de la protection de l’emploi local. Il est d’ailleurs voué à prospérer dans la perspective des prochaines élections territoriales et l’on peut faire confiance aux détracteurs de la majorité en place pour secouer le chiffon rouge.
A chaque fois, c’est la même rengaine et la même passion « nationaliste » qui prévalent: « Ramenez nos enfants chez nous, s’il vous plaît ! C’est ici qu’on a besoin d’eux ! » (dixit Mélinda Bodin), peut-on lire sur la toile parmi les nombreux commentaires enflammés, un tantinet teintés de racisme à l’encontre des popa’a expatriés accusés de venir piquer le boulot de nos pauvres maohi. Les mêmes d’ailleurs, en revanche, que l’on envoie dans les îles éloignées, de Rangiroa à Rurutu, puisqu’aucun Polynésien ne veut aller y travailler.
Sur le cas de Matani Kainuku, premier Polynésien à avoir réussi le concours d’inspecteur de l’Education nationale, certains y voient « un cas d’école ». Nous y verrons plutôt une intention cachée de sa part de mettre le doigt où ça fait mal, avec l’assurance que son combat sera populaire. Pour les partisans de l’indépendance, certes: l’enfant du Pays a la priorité. Mais quid des règles en vigueur jusqu’ici…?
Quand le député Brotherson annonce avoir saisi le ministère national sur le cas de Matani Kainuku et de trois autres enseignants locaux, et que seuls ces trois derniers dossiers ont trouvé une issue favorable, il oublie de dire au passage que la situation de ces quatre personnes n’est pas comparable. Les deux années d’exercice sur le sol métropolitain sont-elles alors obsolètes ? comme semble le dire le parlementaire du Tavini huiraatira. Seul l’avenir le dira. Par extension, les lauréats des concours de gendarmerie ou de la Douane pourront-ils prétendre aux mêmes passe-droits ?
En attendant, beaucoup passent sous silence une réalité que la ministre a mise en avant dans son communiqué, c’est que Matani Kainuku était « tout à fait informé de ces conditions de départ (à savoir deux ans et non un an) et que lorsqu’il a passé ce concours il en a accepté la règle ». Renier un tel engagement atteste, de notre point de vue, un manque d’exemplarité dans un domaine où justement les professionnels (enseignants, directeurs, inspecteurs) devraient être irréprochables aux yeux des plus jeunes.
Photo: archives TNTV