TVA sociale: il n’y a pas pire sourd…
Suite à une interview accordée à nos confrères de Radio 1 par le directeur de la Caisse de prévoyance sociale (CPS), Vincent Fabre, s’agissant des problèmes de financement rencontrés par l’organisme de gestion de la Protection sociale généralisée, les internautes se déchaînent sur les réseaux sociaux. En ligne de mire, l’instauration prochaine d’une « TVA sociale ». A croire qu’ils n’ont toujours pas compris les enjeux de la réforme annoncée…Explications.
« Comment va la CPS » ? peut-on lire en introduction. Elle va bien, merci ! La Protection sociale généralisée, en revanche, qui assure à chacun des Polynésiens un remboursement de leurs dépenses de maladie, de leurs prestations familiales ainsi que le paiement des pensions de retraite, va mal. Ou plutôt, disons qu’elle est à bout de souffle. Sur le plan comptable, pour faire simple, il faut bien comprendre que depuis plusieurs années déjà, la somme des produits (essentiellement, des cotisations) ne suffit plus à couvrir celle des dépenses. A court terme, c’est la cessation de paiement garantie. Pour paraphraser un ancien président de la République, sensible aux prémices d’un dérèglement climatique d’envergure, « la Maison brûle et nous regardons ailleurs… »
Deux principales raisons expliquent ces déficits abyssaux. La première est l’inéluctable vieillissement de la population. En Polynésie, comme d’ailleurs dans le reste du monde, nous avons gagné en espérance de vie (et c’est tant mieux) alors que la natalité recule. En 2030, une personne sur cinq aura 60 ans et plus. La seconde est tout aussi évidente: la population polynésienne est en mauvaise santé. Obésité, diabète, hypertension artérielle…sont autant de maladies budgétivores. Quelques chiffres… Les dépenses de santé ont représenté plus de 55 milliards de francs en 2020, soit 40% du budget de la CPS. Pire, durant la même année, 17,2% de la population couverte était en longue maladie (soit 48 228 personnes sur 279 827 habitants).
La crise du covid qui perdure n’a rien arrangé à cet équilibre précaire. Non seulement, elle continue de peser lourdement sur les dépenses de soins mais surtout, elle a tari la principale source de financement de la PSG par une réduction sensible (4 à 5000 en l’espace de deux ans) du nombre de salariés/cotisants à la CPS. Alors, certes, comme s’en félicite le directeur de la CPS, « nous remontons la pente… » sous l’effet d’une reprise des embauches et de la croissance économique mais « les problèmes structurels » demeurent. D’où l’idée d’une « fiscalisation » du système.
A l’évidence, nombre de Polynésiens ont du mal à accepter l’imposition d’une TVA sociale d’un montant de 1,5% à compter du 1er avril 2022. Personne, en effet, ne peut se réjouir – encore moins nos gouvernants à l’approche d’échéances électorales – de devoir ponctionner de l’argent dans la poche des contribuables, synonyme d’une perte de pouvoir d’achat. Pourtant, c’est un mal nécessaire, en tous cas jusqu’au rétablissement des grands équilibres financiers. Alors, ils se défoulent comme ils peuvent en « tapant » sur la CPS dont le « train de vie » et les avantages pécuniaires accordés à ses agents, sont régulièrement pointés du doigt. A tort ou à raison. Mais cela est un autre débat…
En fait, la vraie question que chacun devrait se poser – pourquoi pas sous forme d’un référendum local – c’est: quel type de protection sociale voulons-nous ? Sommes-nous prêts à subir une réduction du tiers-payant, actuellement à 70%, le reste étant à la charge du patient ? Le versement des allocations familiales (7000 Fcfp par mois et par enfant, 15 000 Fcfp pour les ressortissants du RSPF) doit-il être remis en cause ? Enfin, faut-il raboter les pensions de retraite versées à nos aînés pour services rendus ? Nous sommes tous concernés par la PSG.
Illustration: TNTV