Un parapluie nucléaire français pour l’Europe
D’un côté, la Russie se fait de plus en plus menaçante. De l’autre, les incertitudes règnent concernant le parapluie américain.
Et au milieu, la France, seule puissance nucléaire de l’Union européenne. Alors évidemment, la question de l’élargissement de la dissuasion nucléaire française à l’Union européenne se pose. Un enjeu aussi sensible que complexe, comme le rappelle notre éditorialiste Marc Semo.
L’élargissement de la dissuasion nucléaire française à l’Union européenne est depuis au moins un demi-siècle un des éléments du débat sur la sécurité du Vieux continent. L’enjeu étant aussi sensible que complexe, on n’en parlait pas trop.
Constitutive de « l’autonomie stratégique » que prône Paris, la dimension européenne de l’arme atomique se révèle toujours plus comme une nécessité alors que la Russie se fait toujours plus menaçante et au vu des incertitudes croissantes sur l’avenir de la protection américaine. « Il nous faut renforcer le pilier européen de l’Otan, y compris en termes de dissuasion », reconnaissait le chancelier allemand Olaf Scholz mi-février lors de la Conférence de Munich, le grand rendez-vous annuel de la sécurité transatlantique.
Le ministre allemand des Finances, le libéral Christian Lindner n’hésitait pas non à affirmer que l’Allemagne « ne peut plus fuir les questions difficiles » d’une coopération avec les forces nucléaires britanniques et surtout françaises. Quelques jours plus tôt, l’ancien ministre Vert des Affaires étrangères Joschka Fischer proposait même que l’UE ait sa propre force nucléaire pour parer à une éventuelle défection du parapluie américain.
Une dissuasion européenne plus crédible ?
Ces prises de position sont d’autant plus révélatrices que Berlin était resté jusqu’ici très frileux sur le sujet. Il ne s’agit certes pas de remplacer la protection américaine qui, depuis 1945, garantit avec son arsenal nucléaire de quelque 6 000 ogives, la sécurité des bientôt trente-deux pays de l’Alliance Atlantique, mais de la compléter.
Avec ses trois cents ogives, la France, seul Etat membre de l’UE à être doté de l’arme nucléaire, ne joue évidemment pas dans la même catégorie. Mais son arsenal, ajouté à celui des Britanniques (260 ogives) est à même de causer des dommages « insupportables » – selon l’expression consacrée de la doctrine nucléaire française — à un agresseur.
source: Yahoo actualités