Une Corse « autonome »: un bien grand mot, au mieux « utopiste »
“En l’état, la Corse ne peut pas être autonome, sauf si elle s’engage sur la voie du paradis fiscal”, selon l’économiste Eric Dor interrogé parCapital.
A l’occasion des commémorations des 80 ans de la Libération de la Corse, le Président Macron a tenu un discours à Ajaccio dans lequel il s’est dit favorable à “une autonomie à la Corse”, « ni contre l’État ni sans l’État ». Une telle décision est-elle économiquement viable ?
S’il existe de nombreux États possédant des caractéristiques communes avec la Corse, comme Malte par exemple, et qui s’en sortent très bien, en revanche, son modèle peut-il être une solution pour aller vers une autonomie totale de la Corse ?
Réponse du directeur des études économiques à l’IESEG School of Management, qui y voit là un bien grand mot, au mieux utopiste au pire infaisable: « Dans l’état actuel des choses, il ne faut pas se bercer d’illusion. La Corse a un terrible déficit de commerce, n’a quasiment pas d’industrie et possède une agriculture très réduite. Et le seul sentiment national corse ne peut résoudre cela. A moins que pour des raisons purement politiques et émotionnelles les corses soient d’accord pour payer le prix fort, celui d’un appauvrissement drastique de leur niveau de vie sur une longue période avant de trouver une solution. Mais je ne pense pas qu’avec une structure productive aussi défavorable ils soient tous prêts à accepter cela. Sauf, si la Corse s’engage sur la voie du paradis fiscal. Ceux à quoi sont obligés tous les petits pays. A ce moment-là, effectivement la Corse pourrait trouver une alternative en adoptant un système comme celui de Malte. Mais cette fiscalité différenciée sans proclamation d’indépendance requiert qu’on aille au-delà d’un régionalisme pour aller vers une fédéralisation des régions. Et ça, forcément ça va faire des remous dans tout le pays, d’autres régions voudront très certainement faire de même. »
Interview à retrouver dans Capital.fr