21 novembre 2024

Voeux 2023: « Dans ce monde, l’Administration se doit être un pilier, un repère pour tous nos concitoyens. »

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Voici la longue allocution prononcée lors de la présentation des vœux pour l’année 2023 aux responsables des structures publiques du pays, hier à la Présidence.

 

Chers amis,

Je vous souhaite la bienvenue pour notre traditionnelle rencontre annuelle de rentrée.

En mon nom et celui de chacun des ministres, je vous présente, ainsi qu’à l’ensemble des agents œuvrant sous votre autorité, mais aussi à vos familles nos vœux les plus chaleureux pour la nouvelle année.

C’est l’occasion de revenir sur 2022, mais aussi sur les années précédentes, car nous sommes réunis pour la dernière cérémonie des vœux de la mandature.

Quand on regarde le chemin parcouru, même si la route est encore longue et dans un état méconnu, vous pouvez être fiers de votre action pour la Polynésie française.

Notre ambition était l’amélioration de la vie quotidienne des familles et des polynésiens, la modernisation de notre pays, le développement et la création de la richesse économique.

Ça n’a pas été un long fleuve tranquille. De grandes avancées sont cependant à constater.

L’action publique s’est modernisée.

Je retiens la réforme de notre protection sociale engagée, l’adoption de plusieurs schémas directeurs qui nous donnent le cap aux différentes politiques publiques à mener, à commencer par le SAGE, schéma d’aménagement de notre territoire décliné pour chaque archipel enfin abouti. Les réseaux d’accès à l’Internet se sont développés pour permettre à la Polynésie d’entrer dans le monde numérique et de s’y faire une place.

Les agences de notation ont maintenu sur la période une appréciation encourageante de la Polynésie française, marqueur positif de nos résultats.

Je retiens également les actions et mesures en faveur des familles, la lutte pour le pourvoir d’achat, la réforme de l’apprentissage pour améliorer l’emploi des plus jeunes ; c’est aussi le renforcement de l’éducation, l’ouverture des classes bilingues, la possibilité de suivre des cours d’enseignement supérieur depuis Raiatea, Nuku Hiva ou Rangiroa avec le programme archipels connectés ; une culture vivante et dynamique qui valorise les talents et la créativité.

Je retiens également la place de la Polynésie dans notre environnement et son image de leader dans le Pacifique.

Vous pouvez le constater dans les médias, nous sommes régulièrement sollicités pour venir exposer notre vision, nos actions et notre vision particulièrement sur l’océan, sa gestion et sa protection.

Les relations avec nos cousins du Pacifique se sont renforcées particulièrement avec la Nouvelle-Calédonie, mais aussi avec les plus grands pays de la région, l’Australie, la Nouvelle-Zélande et bien sûr la Chine et les Etats-Unis. L’océan Pacifique est devenu le centre du monde et de toutes ses attentions. Nous sommes en bonne place pour favoriser notre développement, valoriser la culture polynésienne et porter au plus haut et au plus loin nos valeurs.

La présence de l’Etat est évidemment essentielle, n’en déplaise à certains. Les bonnes relations que nous entretenons tant à Papeete qu’à Paris avec ses représentants, sont précieux.

Le soutien de l’Etat contribue à notre développement humain et économique. Je retiens aussi les fortes avancées dans la reconnaissance du fait nucléaire et de ses conséquences.

Alors bien sûr, la période a été fortement marquée par la crise sanitaire, les crises économiques.

Si nous ne sommes pas encore sortis d’affaires, force est de constater que la Polynésie a plutôt bien résisté à la vague du COVID, à la crise sanitaire et à ses conséquences économiques. Elle montre ses capacités de résilience. Mais ce n’est pas fini.

Dans les années 80, les projections de l’armée américaine qualifiait le monde à venir de VICA : volatile, incertain, complexe et ambigu.

Force est de constater qu’ils avaient vu juste. Nous sommes en plein dedans ! Vous en avez, nous en avons la preuve tous les jours.

Dans ce monde, pour survivre, la résistance et le maintien des acquis est une utopie, je l’ai déjà dit rien ne sera plus comme avant.

Il nous faut nous adapter, mais aussi garder le cap. Nous ne devons pas perdre de vue nos ambitions, ne pas perdre nos valeurs, ce qui fait la Polynésie et les Polynésiens.

Les valeurs de solidarité, notre sens du Service Public, notre devoir de servir les citoyens.

Dans ce monde, l’Administration se doit être un pilier, un repère pour tous nos concitoyens.

Ils doivent pouvoir compter sur nous pour être le gardien de nos valeurs, le garant de la cohésion sociétale, le soutien qui leur est nécessaire pour s’épanouir, parfois malheureusement, survivre.

J’ai déjà eu l’occasion de vous le rappeler dans mes discours précédents, que je vous invite d’ailleurs à relire régulièrement, nous devons tous être des exemples de probité et de droiture aux yeux de nos agents.

En 2021, six révocations d’agents ont été prononcées. En 2022, sept ont été prononcées parmi les cas examinés dans les quatorze commissions disciplinaires qui se sont tenues. Une vingtaine de saisines sont en cours de traitement. N’hésitez pas à engager une procédure disciplinaire quand c’est nécessaire. Quelques agents malveillants, malhonnêtes ou incompétents ne doivent pas entacher la grande majorité des fonctionnaires qui fait bien son travail, et ce dans le respect et l’intégrité. Il y va de l’image de notre administration.

Il nous faut régulièrement rappeler les règles et les principes déontologiques qui prévalent et doivent être appliqués au sein de nos entités publiques.

Je vous disais, l’Administration se doit être un pilier, un repère pour tous nos concitoyens.

Il nous faut toujours aller plus loin pour la société polynésienne et ses composantes, consolider le vivre ensemble, ne laisser personne sur le bord du chemin. Il nous faut favoriser l’épanouissement personnel, faciliter la vie des usagers qu’ils soient des particuliers ou des associations mais surtout des entreprises.

Permettez-moi de vous faire part d’un reproche récurrent qui m’est formulé par les acteurs économiques et en particulier par ceux qui investissent dans notre Pays. Il s’agit de la lenteur de nos décisions et de nos demandes tardives de compléments d’information nécessaires à l’instruction des dossiers. En bref, les porteurs de projets sont mécontents des délais de réaction de notre administration soit pour demander des compléments d’information, soit pour obtenir une autorisation administrative. Le temps est un facteur majeur pour un chef d’entreprise. Face à ce dilemme, je dois reconnaître que ce sont les entreprises petites ou grandes, entrepreneurs individuels, qui créent la richesse de notre Pays.

Je vous propose de d’intégrer ce facteur temps dans les démarches de simplification en cours.

L’administration doit être au rendez-vous des enjeux présents et à venir.

J’espère que vous en êtes convaincus. Il faut aussi en convaincre tous vos collaborateurs.

Parce que les agents publics peuvent passer pour des privilégiés grâce à un emploi à vie, un salaire assuré tous les mois, il nous faut, il vous faut en faire encore plus.

L’administration doit aussi s’adapter, se réinventer et pas dans une logique du toujours plus mais du toujours mieux.

Ça je pense que vous l’avez tous bien compris. Je préfère quand même vous le rappeler.

On peut constater que ces dernières années les transformations se sont accélérées notamment avec la dématérialisation des démarches, crise et confinement aidant.

Je tiens ici à saluer les actions de transformations entreprises.

La dynamique de changement est perceptible. Je vous remercie ainsi que tous les agents publics pour cela. Mais il reste encore tant à faire.

Lors de la conférence du service public du 7 mars prochain, nous aurons la présentation des résultats de l’étude de satisfaction des usagers. Nous pourrons ainsi évaluer l’évolution depuis 2018.

Notre programme de gouvernement avait pour objectif de rapprocher l’Administration des usagers. En effet, favoriser l’accessibilité et la proximité des services publics est essentiel.

Nombreuses sont les actions entreprises en ce sens que ce soit au plan numérique que sur le plan physique. L’ouverture des espaces de proximité les fare natira’a en lien avec Fare rata à Papara et Tiarei pour le moment, en est la dernière démonstration.

Je regrette que tous les services qui ont des démarches directes avec des usagers n’aient pas investis ces espaces. C’est l’opportunité d’éviter aux usagers de se déplacer, de réduire notre impact carbone, mais également de réduire la fréquentation des guichets du centre-ville et de Taravao, donc de réduire les temps d’attente et la pression pour les agents d’accueil.

En revanche, il faut le dire, la Chambre de commerce, l’OPH ou la Caisse de prévoyance sociale ont bien compris tout l’intérêt de cette démarche et s’y sont impliqués largement.

Cela contribue à la construction de réels guichets uniques fortement attendus des usagers.

Par ailleurs, de plus en plus d’organismes ont des sites Internet rénovés, plus orientés vers les usagers avec une information de meilleure qualité. C’est bien.

Mais alors, dans les rubriques « formulaires », vous proposez des fichiers ou des documents à télécharger. Aujourd’hui, pour un usager, ne pas pouvoir faire une démarche en ligne et devoir télécharger un formulaire, c’est dépassé. Ce n’est pas ce qui est attendu.

Il vous faut absolument mettre l’accent, vous mobiliser, mobiliser vos collaborateurs sur la dématérialisation des démarches. C’est cela aussi « faire simple ». Ce d’autant que les outils existent et que vous pouvez être accompagnés pour cela.

Nous sommes là dans une démarche d’optimisation des crédits publics et donc dans une démarche d’optimisation des organisations, des moyens et des ressources notamment humaines, afin de s’assurer de leur meilleure utilisation.

Evitons de raisonner mon outil, mon entité, mon image. Nous travaillons tous pour la Polynésie française ! Nous sommes tous à son service et à celui des Polynésiens.

Utilisez les outils qui existent avant d’aller en construire ou en chercher de nouveau pour une seule satisfaction égotique ou personnelle. Je vous exhorte à travailler ensemble.

Pour s’adapter au monde qui change, il faut être plus agile, mais c’est aussi fonctionner plus ensemble plutôt que chacun dans son coin, dans son service ou son unité.

Travailler ensemble, c’est aussi accepter de faire confiance, de se faire confiance et de mettre à bas les à priori. Je constate que ce n’est pas encore gagné !

Cette défiance se traduit dans les démarches quotidiennes tant pour les agents que pour les usagers, par des procédures complexes, des demandes excessives et non règlementaires de justificatifs, de documents, de pièces à fournir, frôlant parfois l’aberration.

Il vous faut sortir de ces carcans, abandonner le syndrome du parapluie ou du risque zéro. Il faut vous faire confiance, faire confiance à vos collègues, faire confiance à nos usagers. Pourquoi à prendre des risques parfois ?

Faire confiance, c’est aussi participer à Faire simple !

La transformation de l’Administration, pour réussir, passe notamment par celle des fonctions supports. En effet, pour que les activités métiers soient plus performantes, il est important que les éléments de supports et de moyens le soient. C’est ce sur quoi nous nous sommes mobilisés.

Une stratégie de réforme des finances publiques est engagée, celles pour le management des ressources humaines ou des systèmes d’information sont initiées. Vous aurez noté la reprise des concours à un rythme accéléré.

Nous sommes en marche pour de grands changements structurants, il faut nous réinventer, trouver des solutions innovantes à des coûts optimisés. Il faut vous y impliquer, et la bonne solution viendra d’un travail en commun.

Pour vous accompagner dans ces transformations, les outils et les méthodes d’intelligence collective, de facilitation existent au sein de notre administration, elles sont à votre disposition. N’hésitez pas à les utiliser plutôt que d’avoir le réflexe de recourir aux prestations de service.

Nous avons d’ailleurs sur ce sujet, l’exemple que c’est possible de travailler ensemble et qu’ensemble on va plus loin : c’est la démarche d’innovation publique qui associe toutes les institutions, Etat, Pays, Etablissements publics, Communes, Assemblée, CESEC, Caisse de prévoyance sociale. La Polynésie et son secteur public sont en pointe sur cette démarche que beaucoup, en Nouvelle-Calédonie ou en métropole, nous envient et demandent notre expertise en la matière.

Dans un monde plus incertain et évolutif, la continuité du service public est un des principes qu’il faut assurer et faire vivre.

Les confinements pendant la crise sanitaire ont montré la nécessité de disposer de plans de continuité d’activité et d’organisations qui s’adaptent aux crises quelles qu’elles soient. Les enjeux climatiques sont aussi importants et la saison cyclonique n’est pas éloignée. Que dire des risques cyber qui s’intensifient.

Pour être résilient, il nous faut d’anticiper les évolutions et les changements. Il faut aussi bien connaître ses activités pour évaluer les risques auxquels elles peuvent être confrontées, tenter de les réduire et préparer les mesures d’adaptation.

Dans ce contexte, il vous faut déployer vos dispositifs de maîtrise de vos activités pour être prêts à assurer la continuité du service public dans toutes situations.

Je souhaite aussi m’adresser à vous, mais à vous en tant que managers. Je sais que la mission de chef de service, en particulier dans les gros services, n’est pas facile. Être un bon manager, ce n’est pas facile. Mais nous devons, vous devez, aussi innover en matière de management. Les générations changent, les sources de motivations aussi et votre rôle pour créer une dynamique positive chez tous les agents est indispensable. Un fonctionnaire qui est bien dans son environnement de travail, est un fonctionnaire qui travaillera bien pour son Pays.

J’ai eu à cœur de visiter un certain nombre de services, ces derniers mois, et de rencontrer vos équipes, de voir vos chantiers et d’apprécier l’engagement et l’enthousiasme à faire bien. Ces rencontres m’ont touché et ont aussi été sources d’enseignements pour moi. Maintenant je n’attends qu’une chose… ce sont vos invitations pour que je vienne à la rencontre de vos équipes.

Enfin, nous ne savons pas qui sera à cette place l’an prochain. L’administration est sur le bon chemin, elle ne doit pas profiter d’un temps électoral pour mettre en suspens les transformations engagées. Elle doit aboutir au plus vite au bénéfice des citoyens polynésiens et au bénéfice des entreprises dans un intérêt général valorisé. Nous construirons ainsi une société plus solidaire et qui offre à tous une place. Nous devons, vous devez être des catalyseurs, facteurs d’engagement de vos équipes pour le développement économique, social et culturel de la Polynésie française.

Je profite de ces derniers vœux de la mandature pour vous remercier sincèrement, chacun, pour votre engagement, votre professionnalisme, votre disponibilité mais surtout pour votre sens du service public.

Cela fait plus de huit ans que j’ai l’honneur d’assumer les fonctions de « patron » de l’administration polynésienne. Vos fonctions de chefs de service sont souvent un sacerdoce. Je suis aussi conscient que travailler avec votre autorité supérieure, je veux parler des ministres, n’est pas une œuvre facile ou un fleuve tranquille. Cependant, au bilan de toutes ces années, je dois reconnaître que chacun d’entre vous a assumé ses responsabilités et a relevé les défis. Je vous en remercie.

A cet effet, permettez-moi d’avoir une pensée pour vos familles, et en particulier pour vos conjoints, qui ont pu souffrir de ce sacerdoce et de votre engagement que je viens d’évoquer.

Je vous souhaite encore une fois une heureuse, passionnante et engageante année 2023.

Je vous remercie de votre attention.

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