XL Airways a besoin de 35 millions d’euros pour « survivre »
« Je vais être clair : on refuse de mourir ! »
Visiblement affecté, le PDG d’XL Airways Laurent Magnin est venu régler quelques comptes sur BFM Business, ce vendredi. Son entreprise, en grande difficulté depuis plusieurs années, s’est déclarée en cessation de paiements. Quelques heures avant, le groupe avait décidé de ne plus vendre de billets. « J’ai pris la décision, avant qu’il y ait même la moindre notion d’aller au tribunal, d’arrêter de vendre des billets dans la mesure où on n’a pas d’idée de la continuation de la compagnie. Ce qui, moralement est insoutenable pour moi, clairement, vis-à-vis de nos clients » explique Laurent Magnin, casquette siglée XL Airways sur la tête.
« Tous les salariés ont été bouleversés hier (jeudi, ndlr), même pas de perdre notre boulot » mais de « trahir nos clients, de dire qu’on va s’arrêter dans quatre jours, cinq jours » explique-t-il. « Quand on s’arrête, on s’arrête brutalement (…) quand on s’arrête, c’est parce qu’on a plus d’argent donc il y a un vrai débat global sur le métier de l’aérien. On a eu 32 faillites de compagnies aériennes en Europe, ces deux dernières années. Les 32 faillites se sont passées de la même façon » martèle le chef d’entreprise. « Les billets achetés, on ne les rembourse pas et les gens plantés à l’autre bout du monde, on les ramène pas. C’est insupportable. »
Frédéric Gagey dans son viseur
Mais si Laurent Magnin est aussi remonté, c’est parce que sa compagnie aérienne n’était pas loin d’être sauvée par Air France, selon lui. « Il y a un dossier terrible dans celui d’XL » explique-t-il. « Il y a deux ans, la compagnie Air France est venue nous chercher pour être la compagnie low-cost, comme Transavia en moyen-courrier ». XL Airways devait alors être « la réponse low-cost d’Air France face aux compagnies aériennes étrangères qui arrivent, du reste avec des conditions sociales qui ne sont pas les nôtres, des charges sociales qui ne sont pas les nôtres, des taxes qui ne sont pas les nôtres. »
« On avait un plan avec Jean-Marc Janaillac (ex-PDG d’Air France – KLM, ndlr) » poursuit-il. « Jean-Marc Janaillac, il a fait son travail » mais « il a démissionné suite à un référendum perdu (le 4 mai 2018, ndlr). On a ensuite été trimballés pendant cinq mois, sans réponses en attendant de savoir si le projet se faisait ou pas. Et au final, on a été congédiés comme des laquais par Frédéric Gagey (actuel directeur financier d’Air France-KLM et ex-membre de Comité de direction collégiale lors du départ de Janaillac, ndlr) qui, à mon avis, n’a même pas complètement débriefé le reste de l’équipe arrivante. »
« Je lance un appel aux syndicalistes »
« Je salue le travail incroyable qu’a fait Ben Smith (actuel DG d’Air France-KLM, ndlr), du reste beaucoup mieux que Frédéric Gagey sur le plan social, de remettre les salariés d’Air France dans une véritable histoire mais on a été congédiés comme des laquais au bout d’un an de négociations, ce qui est dramatique » martèle Laurent Magnin. « Le management d’XL Airways, il a presque cessé de bosser pour se consacrer à ce projet pendant des mois et des mois. Vous ne pensez pas qu’il y a un problème ? »
Aujourd’hui, la compagnie a besoin de 35 millions d’euros pour survivre et Laurent Magnin espère toujours un signe d’Air France. « Frédéric Gagey m’a expliqué, en long et en large, en me congédiant avec mes 600 salariés, que socialement, ce n’était pas possible » affirme-t-il. « Je lance un appel aux syndicalistes d’Air France, qui sont nos frères et nos amis du pavillon français: vous avez 2000 de vos salariés qui sont sur le trottoir (…) vous ne pouvez pas dire qu’on ne réagit pas à cela ! »